7 janvier > Essai Canada

Qui n’a jamais regardé un plan où l’on vous indique "vous êtes ici". Cela prouve que ce n’est pas si évident que ça ! D’ailleurs Colin Ellard a sous-titré son livre : "Pourquoi les hommes sont capables d’aller sur la Lune et se perdent dans un parc". La réponse tient en un mot : la technologie. Grâce à elle, l’homme parvient à mieux comprendre l’espace dans lequel il se meut. Car, dans ce registre, il est bien moins pourvu que le rat ou certains insectes.

C’est cet écart entre le conçu et le vécu qui est analysé par ce psychologue expérimentaliste à l’université de Waterloo, au Canada. Comme beaucoup de comportementalistes, l’auteur adore faire des comparaisons entre l’homme et d’autres espèces animales bien mieux adaptées à leur espace mais incapables de le maîtriser par la pensée. Car l’homme possède des capacités singulières qui lui ont permis de compenser cette inaptitude et qui expliquent en grande partie son expansion.

Certes, l’homme voyagera moins sûrement qu’un pigeon. En revanche, il garde en mémoire des informations peu précises, mais qui lui suffisent pour s’en sortir. Car sachez-le, notre cerveau possède un outil sensationnel : la cartographie mentale de notre monde d’existence. Mais à quoi cela nous sert de savoir que nous sommes moins performants que des oiseaux migrateurs ? A mieux concevoir nos villes, répond Colin Ellard, pour les rendre plus fonctionnelles afin qu’elles répondent aux nécessités de la vie sociale tout en préservant le bien-être que chacun est en droit d’en attendre.

Ainsi s’élabore une sorte de "psycho-urbanisme" comme l’explique dans sa préface le géographe Michel Lussault. Dans son Laboratoire des réalités urbaines dans l’Ontario, Colin Ellard ne fait pas autre chose. L’orientation et la navigation de l’être humain demeurent sa préoccupation essentielle, tout comme le renforcement des liens avec notre environnement. Le "qui suis-je ?" se transforme alors en "où suis-je ?".

Vous êtes ici est un livre malin, écrit dans un langage accessible. Au moment où la question de la relation privilégiée entre l’individu et son environnement se manifeste à travers l’écologie, il nous redit l’importance de se situer dans le réel. Hélas, ça ne marche pas en politique. L. L.

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