Quand prend-on conscience que son monde est obsolète, dépassé ? Que les valeurs de son clan, héritées et transmises à ses enfants, sont démonétisées ? Que l'on est devenu un « vieux chien » ? C'est le moment de révélation que va vivre François, chirurgien orthopédiste lyonnais dont la vie bourgeoise et assurée bascule à l'issue d'une chasse solitaire dans les montagnes de Savoie. La tentation, douzième roman de Luc Lang, débute comme un roman américain de nature writing : un quinquagénaire, chasseur expérimenté, traque un grand cerf, le blesse mais décide de l'emporter jusqu'au relais de chasse familial pour le soigner. Là l'attend son fils aîné, banquier d'affaires qui vit à New York et qu'il n'a pas vu depuis plus d'un an, tandis que sa fille de 22 ans, étudiante en médecine, reste injoignable au téléphone. L'auteur d'Au commencement du septième jour (Stock, 2016) ouvre le cœur d'un grand prédateur déchu, un mâle dominant déclinant qui sait démonter une arme à feu et réparer les corps, qui écoute Bach et Mingus dans sa puissante voiture en se souvenant de ses enfants devenus des étrangers plus ou moins hostiles. Et qui va croiser la désillusion et la trahison au détour d'un virage, au fond des bois. Une histoire de nature sauvage, de nature humaine.