Pass Culture

Pass Culture : l’impact du gel de la part collective sur les auteurs

Les modalités du pass Culture font l'objet de vifs désaccords entre le monde du livre et la ministre Rachida Dati. - Photo Olivier Dion

Pass Culture : l’impact du gel de la part collective sur les auteurs

En raison des coupes budgétaires prévues pour le ministère de l’Éducation, le budget alloué à la part collective du pass Culture est plafonné à 50 millions d’euros pour la fin de l’année scolaire. Une décision soudaine qui pourrait menacer les revenus accessoires des auteurs.

J’achète l’article 1.5 €

Par Élodie Carreira
Créé le 03.02.2025 à 17h27

« Dans une situation budgétaire inédite, le ministère de l'Éducation nationale doit maintenir strictement le budget alloué à la part collective du pass Culture », pouvait-on lire, jeudi 30 janvier, sur le site du dispositif. Une annonce jugée « brutale » et « soudaine » par de nombreux acteurs de l’éducation et du secteur culturel, dont les auteurs, qui pourraient connaître une perte importante de leurs revenus. Et pour cause, la part collective du pass Culture a été plafonnée à 50 millions d’euros, utilisables jusqu’en juin 2025, alors que 40 millions ont déjà été engagés.

Autrement dit, une fois les crédits alloués atteints, les réservations pour des activités d’éducation artistique et culturelle (EAC), qui permettent aux élèves de la 6ᵉ à la terminale de bénéficier de sorties culturelles ou de rencontrer des artistes, ne pourront plus être effectuées sur la plateforme Adage. Une situation difficilement compréhensible compte tenu du succès du dispositif qui, d’après les chiffres de la direction, a été utilisé par 89% des établissements français en 2024.

Un risque de « précarisation » des auteurs

« Après la déclaration de la Cour des comptes, nous nous attendions plutôt à une réforme de la part individuelle du pass Culture. Là, nous allons passer d’une enveloppe de 97 millions d’euros en 2024, à une enveloppe de 72 millions cette année, dont seulement 22 millions pour le second semestre 2025. Les auteurs et illustrateurs en jeunesse sont directement touchés par cette annonce puisque leurs interventions en milieu scolaire constituent des revenus accessoires relativement importants », a détaillé Céline Bénabes, directrice de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, auprès de Livres Hebdo, ajoutant que « tout cela risque de créer une situation de précarisation à venir pour les auteurs ».

D’après la représentante, « la brutalité de l’annonce » a d’ailleurs créé « un affolement et beaucoup d’angoisse » chez de nombreux artistes. En raison de la précipitation des enseignants et des acteurs culturels sur la plateforme Adage, celle-ci n’est donc plus accessible depuis vendredi 31 janvier. Si certaines réservations pouvaient se débloquer sous les prochains jours, d’autres, dont la double validation n’avait pas encore été effectuée, risquent d’être annulées, supprimant par là même les revenus prévisionnels des auteurs impliqués.

Un avenir incertain

« Une fois que l’acteur culturel crée l’offre sur le pass Culture, il y a deux étapes de validations sur la plateforme Adage. Mais toutes les offres qui n’ont pas eu ces deux validations en amont ont été, depuis, sabrées », précise Béatrice Egmar, autrice membre de la Ligue des auteurs professionnels. Celle-ci se souvient d’ailleurs avoir averti les politiques, lors de la création du dispositif en 2022, d’un « risque de désengagement des collectivités en cas de rabot du budget par le gouvernement ».

« Par ailleurs, il n’a jamais été question d’une enveloppe globale dotée d’un montant à ne pas dépasser », poursuit-elle. Inquiète de l’avenir incertain de la part collective du pass Culture, l’autrice s’interroge : le dispositif va-t-il être supprimé ? Ou va-t-il être reconduit avec un plafonnement impliquant une politique du « premier arrivé, premier servi » ?

Mobilisation en ligne

À ce stade, aucune réponse ne semble définitive. Dans le doute, un véritable mouvement d’opposition, réunissant enseignants, chefs d’établissements, mais aussi de nombreux acteurs des institutions culturelles, s’est enclenché. La Maison des écrivains et de la littérature, par exemple, a indiqué, dans un communiqué publié vendredi dernier refuser de « céder aux pressions budgétaires » et s’est dit « plus que jamais mobilisée pour assurer la continuité des actions en cours ». Signée par plus de 26 000 personnes, une pétition (« Non au gel de la part collective du pass Culture »), adressée au ministère de l’Éducation, a également été partagée en ligne.

Les dernières
actualités