La publication du rapport de la Cour des comptes sur le pass Culture a suscité une vive réaction de la société par actions simplifiées (SAS) pass Culture qui gère ce dispositif, selon un communiqué paru ce jeudi.
Accueillant les recommandations des sages de la rue Cambon dans une démarche constructive, la SAS n’a cependant pas dissimulé son agacement face à ce qu’elle considère comme ne prenant « pas suffisamment en compte le fort potentiel du pass Culture à contribuer à la conception et à la mise en œuvre de politiques publiques ».
Le rapport, qui dresse un bilan des trois premières années d’existence du pass, formule plusieurs critiques, notamment sur son efficacité à atteindre les publics éloignés de la culture alors que la structure revendique près de 200 collaborateurs. Pourtant, la SAS met en avant des données qui témoignent, selon elle, du rôle essentiel de cet outil dans la réduction des inégalités sociales et culturelles.
Réduction des inégalités : un succès bien mesuré
L’un des arguments centraux de la défense du pass Culture réside dans son impact mesurable sur l’égalité d’accès à la culture. Contrairement à l’accès aux études supérieures, où l’écart entre les jeunes issus de milieux peu diplômés et ceux de familles diplômées atteint 50 points, l’utilisation du pass affiche un écart réduit à seulement 10 points. Pour la SAS, cette donnée est la preuve que le dispositif remplit sa mission de démocratisation culturelle.
De plus, des études internes soulignent que le pass joue un rôle clé dans la découverte et l’exploration culturelles. En trois ans, la proportion de jeunes ayant visité un nouveau lieu culturel grâce au pass a progressé de 53 % à 66 %, tandis que la part de ceux qui ont réalisé une activité inédite grâce au dispositif est passée de 38 % à 53 %.
Un dispositif perfectible mais efficace
Particulièrement ciblé dans une critique de gouvernance, la structure rejette la proposition de la Cour d’intégrer les équipes de la SAS au sein du ministère de la Culture. La SAS rappelle que l’autonomie dont elle bénéficie a permis un déploiement rapide et efficace du dispositif, aujourd’hui utilisé par 84 % des jeunes Français. Pour elle, cette indépendance est un pilier essentiel pour répondre aux défis de demain.
Un modèle à préserver
Face aux recommandations de la Cour des comptes, la SAS a mis en œuvre plusieurs mesures pour renforcer l’efficacité du pass. Cela inclut l’élaboration d’une charte éditoriale pour diversifier les offres, une meilleure gestion des crédits budgétaires et le partage systématique des données avec le ministère de la Culture. Ces actions traduisent, selon la SAS, une volonté constante d’amélioration.
Le pass Culture se veut bien plus qu’un simple outil de consommation culturelle. La SAS le présente comme un levier de politiques publiques, capable de créer des synergies entre l’État, les collectivités et les acteurs culturels. Depuis sa création, près de quatre millions de jeunes ont bénéficié de ce dispositif, qui combine une offre individuelle et un volet collectif destiné aux établissements scolaires.
Alors que la ministre de la Culture toujours démissionnaire Rachida Dati évoque une réforme possible du pass, la SAS met en garde contre toute décision qui pourrait remettre en cause son autonomie. Elle rappelle que le pass n’est pas seulement un outil de gestion, mais aussi une politique publique innovante, porteuse d’un potentiel considérable pour réduire les fractures culturelles.