Nothomb, Angot, Khadra, Binet, Delerm, Enard, Chalandon, Martinez, Liberati, Sansal, Morrison, Foster Wallace, Grossman, Seksik… A huit jours de la fin du mois d’août, quatorze auteurs dûment estampillés "rentrée littéraire" s’inscrivaient déjà dans notre palmarès Livres Hebdo/GFK des meilleures ventes de romans, dont les deux premiers dans le Top 20, tous genres confondus. En incitant une partie des aoûtiens à visiter les librairies dès avant le tourbillon de la rentrée, la précocité de la couverture médiatique, commencée à la veille du 15 août et du gros des sorties, et son ampleur ne sont pas pour rien dans ce démarrage au quart de tour. Elle s’accompagne dans la presse écrite comme dans les médias audiovisuels d’une quantité inédite d’initiatives : sélections de titres, prix, rencontres, réceptions programmés pendant le mois de septembre.
Si la littérature paraît souvent vaciller dans une civilisation où l’image prend toujours plus de place, la rentrée littéraire à la française a encore de beaux jours devant elle.
La rentrée des romans pour la jeunesse, c’est par nature autre chose. Mais on aurait tort de la réduire au planning de sortie d’une poignée de blockbusters et des nouveaux opus de séries inscrites dans les littératures de genre. Ces dernières, au demeurant, ne limitent pas leurs ambitions au divertissement. Surtout, l’analyse détaillée des programmes et de la production fait ressortir des préoccupations qui, pour être traitées par les auteurs jeunesse à travers le prisme des attentes supposées des lecteurs, n’en rejoignent pas moins celles des écrivains "pour adultes". Il est question d’amour, de maladie et de handicap, de secrets de famille, d’identité et de filiation. Il est question de harcèlement et de manipulations, d’ostracisme, de racisme et, cette année particulièrement, langueur économique et hausse du chômage obligent, de travail, fût-il scolaire.
La littérature au sens large a tout à gagner à voir approfondies et mises au jour les multiples passerelles qui font d’elle un compagnon indispensable tout au long de la vie.