Sofia Coppola a l’intention de porter à l’écran le récit autobiographique d’Alysia Abbott, traduit par Nicolas Richard pour les éditions Globe. On n’est pas étonné que la réalisatrice de Some-where se soit emballée pour une histoire aussi singulière et touchante. La femme qui a pris la plume et a couché sur le papier Fairyland avait 2 ans quand sa mère, Barbara Louise Binder, a trouvé la mort dans un accident de voiture.
Elle a alors eu pour seul parent son père, Stephen Eugene Abbott, qui s’est chargé de son éducation. C’est après le décès de celui-ci, de complications liées au sida, qu’elle a plongé dans son journal intime, ses carnets de 1971 à 1991, et qu’elle s’est décidée à affronter ses souvenirs, à raconter un père et une mère qui ont bien profité de la révolution sexuelle avant et après leur mariage à Atlanta. Steve a rapidement du mal avec la cellule familiale. Il part à San Francisco, essaye de vendre ses bandes dessinées et de faire publier sa poésie, pendant que Barbara plonge dans la drogue avec son nouveau petit ami. Quand il se retrouve veuf, Steve s’installe à San Francisco, la ville d’Harvey Milk et du quartier gay du Castro. Sa fille se souvient de Transformer de Lou Reed. D’Ed, un amant de papa, qui lui apprend à uriner debout. Chaque jour, Steve invente les règles au fur et à mesure, l’élève "au moyen de frontières mouvantes", allant jusqu’à recruter par le biais d’une petite annonce dans le Bay Guardian une "mère de remplacement"…
Alysia Abbott rend ici un bel hommage à son géniteur. Un homme qu’elle peint gentil et doux, avec des manières raffinées. Un homme qui lui a fait connaître un royaume des fées impossible à oublier. Alexandre Fillon