Il y a huit ans, Pierre Astier et Laure Pécher fondent l’agence littéraire Pierre Astier & associés. Pierre Astier avait déjà créé et dirigé les éditions Le Serpent à plumes de 1993 à 2004. Laure Pécher a d’ailleurs été chargée des droits au sein de la maison durant cinq ans. Ce seront les seuls agents présents à "Shoot the book !". Ils viennent à Cannes pour présenter Back up de Paul Colize (La Manufacture de livres, 2012), trois mois après l’avoir "pitché" à Books at Berlinale au Festival de Berlin. "Il faut trouver un producteur qui a l’idée du bon fil conducteur pour la narration", expliquent-ils. Pour ses auteurs, Pierre Astier se mue en globe-trotteur : Turin en mai, mais aussi Sharjah, Göteborg, Varsovie, Istanbul… Il est prêt à initier des projets de publications, sous forme de commandes, avec certains écrivains. L’agence représente aujourd’hui près de 20 éditeurs et pas loin de 50 auteurs. Son chiffre d’affaires croît de 10 à 15 % en moyenne par an. Mais il a conscience des réticences, en France, à l’égard de son métier. "En Allemagne et en Italie, un auteur sur deux est représenté par un agent", rappelle-t-il. L’agent souligne également que toutes les maisons d’édition ne peuvent pas financer un service de cessions de droits audiovisuels. Pour se distinguer, l’agence a misé sur une approche internationale. La France ne représente qu’un tiers du volume de contrats signés. "Le marché français n’est pas assez mondialisé, estime- t-il. Il doit se repenser comme l’a fait le modèle scandinave." Cela a conduit les deux associés à écrire récemment une longue tribune dans le journal Le Monde, pour que le secteur prenne conscience du fort potentiel du marché francophone : "Avec le numérique, l’édition francophone est menacée si on n’investit pas dans l’export."
Tant qu’il y a des lecteurs, Pierre Astier croit à la création littéraire, celle d’aujourd’hui comme celle de demain, de France comme d’ailleurs : "Et là, éditeurs comme agents, nous sommes tous sur le même pont !"
V. T.