Donc, après la « biographie » d'Hemingway signée par PPDA, nous revoilà en présence d'un cas de journaliste « écrivain » pris la main dans le sac du copier-coller. Je veux parler de Joseph Macé-Scaron qui, après les révélations du site Acrimed, a été obligé de reconnaître qu'il avait « emprunté » (sic) des extraits d'American rigolos , du romancier américain Bill Bryson (Rivages, 2003, pour la traduction française) pour donner de l'épaisseur à son Ticket d'entrée paru au printemps dernier chez Grasset. Et les exemples donnés par Acrimed sont accablants : les passages « empruntés » sont repris quasiment mot à mot par Macé-Scaron dans son texte. « J'ai fait une connerie  », a-t-il reconnu à « Arrêt sur images », mais il se défend de tout plagiat, et il a même osé cette comparaison ahurissante : «  Il y a chez Montaigne plus de 400 passages empruntés à Plutarque  » (re-sic !). Les plagiaires de tout acabit devraient quand même commencer à se méfier : avec Internet, il devient de plus en plus difficile d'échapper au retour du boomerang, car outre qu'il se trouve toujours un(e) lecteur(trice) vigilant(e) pour repérer les « ressemblances » entre deux textes, il se trouve toujours un site ravi de diffuser l'information. Et la caisse de résonance du web est devenue telle qu'il devient ensuite impossible, pour les médias traditionnels, d'ignorer les faits. Mais puisqu'on reparle de Ticket d'entrée , cette histoire de plagiat n'est au fond qu'accessoire. Joseph Macé-Scaron me fait penser à Eric Zemmour. Même façon de se présenter comme francs-tireurs alors qu'ils sont confondants de moutonnerie bien-pensante (pour Macé-Scaron, c'est vis-à-vis de la communauté gay, dont il prétend ne pas partager les codes, alors qu'il arbore les mêmes tatouages pseudo-ethniques qu'affiche n'importe quel homo lobotomisé du Marais, comme le lui avait fait remarquer Thierry Ardisson, à « Tout le monde en parle »).  Et même façon de faire croire que leur opinion n'a pas voix au chapitre, alors que l'un et l'autre sont partout ! Ces gens-là se font un fond de commerce de leur prétendue liberté de penser... Le fond de sauce de Ticket d'entrée , c'est notamment ça : l'éviction de Macé-Scaron du Figaro Magazine parce que, assure-t-il, il aurait eu le malheur de déplaire à Nicolas Sarkozy. Et c'est sans doute ce seul argument qui a valu au livre une presse dithyrambique. Mais pourquoi en avoir fait un roman ? Sinon pour prouver que l'on n'est pas romancier, peut-être ? J'avais gentiment décliné l'invitation de son attachée de presse de lire les épreuves de l'ouvrage, tellement le pitch me laissait redouter le pire. J'ai quand même reçu le livre. J'ai fait l'effort de l'ouvrir. Je n'ai pas dépassé la page 20. Mais, bien sûr, Macé-Scaron s'était quand même fait décerner un prix littéraire - vous savez, de ces prix dont les jurés se connaissent tous entre eux et ne cherchent qu'à se faire mutuellement plaisir. Atterrant. Contrairement à ce que pense Jean-Marc Roberts, la crise de la librairie est moins le fait d'Internet et des ventes en ligne, que de la perpétuation de méthodes d'un autre âge. Comme pour la crise financière, il serait grand temps de procéder à une purge trop longtemps reculée. Quand cessera-t-on de publier de mauvais livres, qui continueront malgré tout d'être recommandés par certains médias pour de pures raisons de copinage, et qui, par la grâce des mêmes réseaux, obtiendront des prix qu'ils n'ont pas mérités ?
15.10 2013

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