Le cimetière des poupées devrait paraître le 22 août chez Julliard. Personne n’a encore lu ces 150 pages. Pourtant, avec le texte de sa quatrième de couverture, l’auteure, Mazarine Pingeot-Mitterrand, a déjà créé la polémique.
Le docu-fiction ou le roman-réalité reprend à s’y méprendre les grandes lignes du fait divers lié à Véronique Courjault, actuellement incarcérée pour assassinat (sur ses propres enfants). Son mari, placé en liberté sous contrôle judiciaire, n’a pas apprécié l’initiative. Il fait circuler une pétition dans la région, et jusqu’à Tours, pour interdire la publication du roman. Jean-Louis Courjault dit avoir recueilli 200 signatures, et attend de lire l’ouvrage incriminé pour donner d’éventuelles suites judiciaires
Dans LH 661 (13 octobre 2006), l’avocate Isabelle Wekstein signalait que les faits divers pouvaient « être racontés dans une fiction mais [que] l’auteur [devait] être vigilent. » L’affaire Villemin, avec le livre de Philippe Besson (Enfant d’octobre, Grasset, 2006) et un téléfilm quelques mois plus tard a rappelé les règles. Isabelle Wekstein évoquait l’enjeu : « Les juges sont sans arrêt confrontés à un rétablissement de l’équilibre entre l’atteinte au respect des droits des personnes et la liberté d’expression. » Elle précise dans le cas d’affaires judiciaires non résolues : « Les juges ont tendance à être plus soucieux du respect de la vie privée. »
Dans un communiqué publié le 22 juillet, les éditions Julliard démentent formellement : « Des journalistes, pourtant informés du contraire par nos soins, ont cru pouvoir écrire qu’il s’agissait du récit du drame qu’a vécu la famille Courjault. » Pourtant l’accroche de l’éditeur interpelle : « Fiction ou fait divers ? » Le communiqué affirme l’absence de lien entre le roman et l’affaire et souligne : « Au nom du principe inviolable de la liberté d’expression, Mazarine Pingeot, comme tous les écrivains, a le droit de s’emparer d’un événement qui l’a particulièrement touchée et d’imaginer à travers une histoire totalement inventée, et en créant des personnages de pure fiction, de sonder les ressorts et les mystères de l’âme humaine. »
Mazarine Pingeot : Le cimetière des poupées (Julliard)