LOI LANG

Librairie L'?il écoute, Paris 6e.- Photo OLIVIER DION

'idée est séduisante. Elle figurait d'ailleurs dans le rapport de la mission sur l'avenir de la librairie, rendu public au printemps dernier. Puisqu'il manque aux libraires indépendants 2 à 3 points de marge pour assurer la rentabilité de leur magasin, pourquoi ne pas supprimer la remise de 5 % autorisée par la loi Lang, et qui coûte justement entre 1,5 et 3 points aux libraires qui la concèdent ? "S'affranchir de ce rabais, qui rapporte peu aux clients et coûte beaucoup au libraire, représente un levier efficace pour stabiliser et consolider le réseau de la librairie indépendante, notre grande priorité, >estime Xavier Moni (Comme un roman, Paris 3e). D'autant que les négociations avec les diffuseurs sont en ce moment au ralenti. Cela nous permettrait également de clarifier le principe du prix unique, qui est aujourd'hui brouillé, et d'instaurer un nouveau lien avec notre clientèle en valorisant par exemple la gamme de nos services." Un raisonnement que beaucoup de libraires partagent, jusqu'au SDLC (Syndicat des distributeurs de loisirs culturels), qui se dit "favorable à l'arrêt de cette remise".

Pour autant, des voix dissonantes s'élèvent ici ou là, invoquant prudence et réflexion plus aboutie. Dans un courrier adressé au ministère de la Culture, qui explore actuellement cette piste, parmi d'autres, pour améliorer la santé économique de la librairie, Josette Vial explique ainsi ses arguments. La patronne de la librairie Compagnie (Paris 5e) redoute avant tout que la mesure ne soit perçue par la clientèle comme une augmentation du prix qui, conjuguée à l'érosion du pouvoir d'achat, risque de conduire à une contraction supplémentaire de CA, gommant ainsi les gains de marge. "Cette suppression ne fera pas renoncer à Amazon, qui va du coup empocher plus d'argent et pouvoir réaliser d'importants investissements dans les services", ajoute la librairie, qui souhaite également, en tant que commerçante, pouvoir conserver une certaine souplesse sur le prix. "Je crains vraiment qu'avec une telle mesure la librairie n'accentue sa mauvaise image et passe pour un commerce poujadiste", renchérit Pascal Thuot (Millepages, Vincennes). Reste alors au ministère à trancher. Résultat au premier semestre 2013, lors de la présentation du plan pour le livre.

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