La 29e édition de la Foire Internationale du livre de Prague, qui s'est tenue jusqu'au 26 mai, accueille pour la deuxième année un marché de droits en marge de la manifestation, le Central Eastern European Book Market (CEEBM).
Durant deux jours, une cinquantaine de chargés de droits, dont la grande majorité provient d’Europe centrale, participent à ce programme, qui offre deux plages de business meetings et des tables rondes, autour du développement interculturel et des focus sur des segments.
Prague, un endroit stratégique
« Ici je dois rencontrer un éditeur croate dont je n’avais jamais entendu parler, alors que son catalogue m’a beaucoup parlé », s’enthousiasme Ivan Fedechko, directeur de droits de la maison ukrainienne Old Lion. Cette dernière, qui signe autour de 70 contrats de cessions par an (pour environ 90 acquisitions), réalise 60% de ces signatures dans les pays environnants. Et la capitale tchèque est un endroit stratégique géographiquement. « Prague est vraiment centrale, on est à 2h de l’Allemagne, l’Autriche, la Roumanie… La ville a toujours joué un rôle important dans l’histoire de la région », reconnait-il en espérant que le rendez-vous professionnel tchèque grandira d’année en année.
« A Francfort et à Londres, je reste assise toute la journée et je ne vois que mes rendez-vous, constate la polonaise Karolina Jaszecka, de l’agence spécialisée dans l’illustré jeunesse K-books. Ici, c’est plus humain j’approfondis beaucoup plus, je peux repérer paradoxalement beaucoup plus de choses. Je fais moins de deals mais beaucoup plus de networking ». C’est également l’enjeu de ces rencontres, où les Allemands, dont le pays est l’invité d’honneur de la Foire comme l’a été la France en 2021, profitent de l’occasion pour affirmer leur présence sur ces marchés. En 2026, La République tchèque sera d’ailleurs à l’honneur à Francfort.
300 traductions depuis le français
Ce pays de près de 11 millions d’habitants, qui a subi l’une des plus fortes inflations de l’Union européenne depuis le début de la guerre en Ukraine, produit plus de 15 000 titres par an, dont la moitié sont des traductions, issues pour leur grande majorité de pays anglophones, et dans une moindre mesure d’Allemagne. « Il y a eu 300 contrats signés l’an dernier avec des éditeurs français », précise Simon Gilmer, attaché du livre à l’Institut français de Prague. Seulement une vingtaine d’entre eux ont été réalisés avec le soutien de programmes nationaux.
« Cette foire, c’est pour nous l’occasion de rappeler, voire d’apprendre aux acteurs du livre locaux, les traducteurs, les éditeurs mais également les libraires, que nous pouvons les aider et qu’il faut en profiter », poursuit-il. Theresa Horváthová, qui a fondé les éditions de littérature jeunesse Baobab en 2000, en profite pour signer une demi-douzaine de cessions du français par an en moyenne, sur la vingtaine de titres qu’elle produit annuellement, comme les livres de l’illustratrice Joëlle Jolivet, présente à la Foire pour une rencontre. « L’inflation nous oblige aujourd’hui à faire très attention à ce qu’on publie », réagit l’éditrice, parfaitement francophone.
La non-fiction jeunesse en avant
Sur le stand de l’Institut, l’unique librairie francophone de République tchèque, Mega Books, réalise environ 5% de son chiffre d’affaires annuel, sur les quatre jours de la manifestation. « Alors que nous vendons en boutique principalement du FLE (Français langue étrangère, ndlr), sur la Foire le public est intéressé par les beaux livres et les livres pratiques sur la cuisine ou la France en général », explique Andrea Tamasova, la gérante. Ailleurs, sur les stands de la Foire, le documentaire jeunesse a le vent en poupe… Un segment particulièrement recherché par les chargés de droits du CEEBM.