C’est un vent rafraîchissant et, mine de rien, assez décoiffant que fait souffler sur le monde des bibliothèques la ludo-médiathèque de Fosses, une commune de 9 500 habitants dans le Val-d’Oise. En plaçant le jeu et les jouets au cœur de son projet, ce petit établissement de 700 m2 ouvert en novembre 2012 a créé un lieu pas comme les autres. « On a repoussé nos limites, réinterrogé tout ce qu’on savait du métier. On a gardé le meilleur et jeté l’obsolète », résume Caroline Makosza, directrice de la ludo-médiathèque.

L’accueil et la convivialité y sont les maîtres mots et l’équipe joue la carte de la proximité : les bibliothécaires se présentent par leur prénom, papotent avec les visiteurs, jouent avec les plus jeunes. Tout est fait pour que les usagers se sentent chez eux : la bibliothèque devient un lieu ludique, un lieu de permissions et pas d’interdictions. On y vient pour emprunter un livre (15 000 au total), lire la presse (68 titres), boire un café et, bien sûr, pour jouer (900 jeux et jouets).

L’équipe a à cœur de rendre les choses faciles : il n’y a quasiment pas de limite au nombre de documents qu’on peut emprunter. Quant à la date de retour, elle est assez élastique : « Prenez votre temps ! » Les bibliothécaires se montrent à l’écoute : « On se rend disponible et on essaie de répondre à toutes les demandes, explique Caroline Makosza. On écoute, on observe, on analyse. Et, s’il le faut, on change, on s’adapte en prenant en compte les remarques et les suggestions des gens. »

La bibliothèque, après y avoir longtemps réfléchi, a fait le choix de ne pas installer d’automates de prêt, jugés comme n’étant pas « dans l’esprit du lieu ». Le visiteur trouvera toujours quelqu’un de souriant à qui poser une question ou tout simplement pour bavarder. Mais la convivialité n’est pas obligatoire. On peut également réserver ses documents par Internet et passer juste le temps de les retirer. Le public (plus de 40 000 entrées entre janvier et octobre 2013) a cependant généralement envie de profiter de l’endroit. Les familles s’installent, passent l’après-midi et restent parfois pour faire goûter les enfants. C’est souvent bruyant, pas toujours très bien rangé, mais tellement vivant.

Ce qu’en pense le jury. « C’est une bibliothèque vivante, amusante, qui place le jeu au cœur de son action sans que cela n’enlève rien au livre, s’enthousiasme Dany Laferrière. Il y a un côté fourre-tout mais c’est en fait très organisé et l’on sent un lien étroit entre les bibliothécaires, le public, la ville autour. Cela crée une atmosphère d’une gaieté folle. On devrait faire la même chose pour les adultes. » Pour Claude Poissenot, c’est un endroit « révolutionnaire, basé sur l’écoute et l’accessibilité qui reçoit trois fois plus de visites par habitant que la moyenne nationale, ce qui prouve que c’est une formule qui fonctionne ». Seul regret exprimé par Laurence Santantonios, « la fermeture entre 12 heures et 14 heures ». V. H.

29.11 2013

Auteurs cités

Les dernières
actualités