L’épatant Funny girl prouve que Nick Hornby sait se renouveler. Après avoir signé avec Juliet, naked (10/18, 2010), son meilleur roman depuis Haute fidélité (Plon, 2000, repris chez 10/18), l’écrivain et scénariste a pris soin de peaufiner une comédie brillante où l’on retrouve tous les ingrédients que l’on aime chez lui.
L’auteur d’A propos d’un gamin (Plon, 1999, repris chez 10/18) y a, qui plus est, ajouté de nouveaux éléments. Cette fois, l’action ne se déroule pas de nos jours mais dans les années 1960. Et le héros est une héroïne dont les hommes vont tomber follement amoureux, et que les femmes vont trouver impeccable. Lorsqu’on la découvre, celle-ci se nomme encore Barbara Parker.
Blonde au physique irréprochable, la demoiselle travaille depuis l’âge de 15 ans au rayon parfumerie du R.H.O Hills de Blackpool. "Vieux avant d’avoir le droit de l’être", son père l’élève seul depuis que son épouse l’a quitté pour son chef du centre des impôts. Barbara a accepté de participer à un concours de beauté. Elle n’a pas du tout envie d’être reine, juste de "passer à la télévision, et faire rire les gens".
Elle va pourtant être Miss Blackpool cette année-là. Un parfait tremplin pour enfin quitter la ville, partir tenter sa chance à Londres. Elle s’y pose d’abord dans une chambre d’hôte, trouve un emploi au rayon cosmétique, puis partage un deux-pièces à Earl’s Court avec une collègue. Barbara s’est donné deux ans pour réussir quelque chose à Londres.
Son rêve est de devenir comédienne, de suivre l’exemple de son modèle, Lucille Ball. Les gens qu’elle croise la comparent pourtant à Sabrina, la pulpeuse potiche du "Arthur Askey show" ! Un soir, la roue tourne. Quand elle tombe par hasard sur Brian, un agent de théâtre qui lui affirme qu’elle est la quintessence de la soubrette. Brian lui conseille aussi de changer de nom et la rebaptise Sophie Straw.
La fille du Nord ne va pas tarder à avoir de la chance. Il se trouve que deux scénaristes, Tony Holmes et Bill Gardiner, préparent une comédie télévisée pour la BBC. Un feuilleton en seize épisodes qui va s’intituler Barbara (et Jim). Barbara, c’est Sophie. Le rôle de Jim, lui, va être tenu par Clive, comédien à mi-temps, un play-boy porté sur les jolies filles. Le premier épisode de la chose est diffusé en décembre 1964, un jeudi soir. En un clin d’œil, Barbara (et Jim) fédère pas moins de dix-sept millions de téléspectateurs. Et Sophie devient une star.
Nick Hornby est ici à son meilleur. On savoure son peps narratif, sa manière de créer des personnages secondaires tous attachants et incarnés. Des rebondissements, il n’en manque ici pas. On ne quitte pas d’une semelle la futée Sophie qui ne manque ni d’humour ni de ressources. Un personnage que Nick Hornby avoue inspiré par l’actrice anglaise Rosamund Pike laquelle serait parfaite pour le rôle si le roman était un jour adapté à l’écran. Ce dont on ne peut douter. Alexandre Fillon