"Il n’y a pas plus d’annulations qu’en temps normal" souligne Hélène Fischbach, directrice de Quais du polar. Ingrid Desjours et Lindwood Barclay, qui devaient participer à la table ronde sur l’adaptation de Polar Connection, n’ont pu venir comme Mike Nicol, Thierry Marx, Patrick Pecherot. Mais si les grèves conjuguées de la Sncf et d’Air France n’ont pas pesé sur la manifestation, elles ont compliqué les retours du dimanche. Certains ont loué une voiture, se sont reportés sur les cars affrétés par Quais du polar tandis que les plus chanceux sont montés sur les trois trains de fin d’après-midi qui roulaient. "Un client, qui vient habituellement en train de Grenoble, a pris sa voiture" raconte Renaud Junillon de la librairie Lucioles. Mais rien n’arrête les amateurs de polars: ils sont venus encore plus nombreux que l’an dernier et les organisateurs annoncent 90000 visiteurs (contre 80000 en 2017).
Murder party et escape game
Sous un beau soleil de printemps, les Lyonnais ont joué. Avec 20000 participants (ils étaient 15000 en 2017), la grande enquête dans la ville a battu des records. Murder party organisée au musée gallo-romain par Univers Poche, escape game sous une structure gonflable proposée par Calmann-Levy et bulle d’écoute avec Audiolib dans la cour de l’Hôtel de ville, sans oublier l’interrogatoire-séance d’identification sous les projecteurs de la salle Kobo/Fnac: le polar se vivait en direct. "On a eu une meilleure fréquentation de l’Hôtel de ville grâce à l’Escape game et à la bulle Audiolib, qui ont attiré des gens à l’Hôtel de ville, notamment les jeunes" commente Hélène Fischbach. Quant aux professionnels, ils ont goûté l’ambiance chaleureuse des cafés autour du festival, des verres en fin de soirée dans les bars de la presqu’île pour les 10 ans de Sonatine ou la désormais traditionnelle fête Points le samedi soir sur la péniche.
35000 volumes auraient été écoulés par les onze libraires qui tiennent les stands (A titre d’aile, Le bal des ardents, Decitre, L’esprit livre, Expérience, Le square, Lucioles, Musicalame, Passages, Tramway, Vivement dimanche). Et si le vendredi a été calme, le samedi et le dimanche ont fait le chiffre d’affaires – sensiblement le même que l’an dernier – des libraires.
Valeurs sûres et découvertes
C’est la clé de la réussite. Par sa variété – signatures, conférences, joute de traduction, projections, jeux – le Festival attire le grand public autant que les amateurs. Les lecteurs se pressent pour voir Harlan Coben, Michel Bussi, Patricia MacDonald, Donato Carrisi, Ian Rankin, pour retrouver avec plaisir Deon Meyer, Craig Johnson, Hannelore Cayre mais ne refusent pas "les découvertes comme Camilla Grebe qui a créé une belle surprise" selon Renaud Jullion (Lucioles) ou Christos Markogiannakis. "Notre proposition "girls power" a été dévalisée et les auteurs de La Manufacture de livres commencent à séduire le public. Et nous sommes très contents du prix Quais du polar/20 minutes de Gilda Piersanti: c’est un livre exigent que nous défendons depuis octobre. On en a vendu deux fois plus" note Romain Vachoux (Le Tramway). "Nous avons eu de belles surprises avec A. J. Finn et Marlin Persson Giolito, qui a eu le prix Le Point du polar européen, mais ce sont aussi de bons orateurs" souligne Virginie Vigouroux (Vivement dimanche). Tandis qu’Erik Fitoussi (Passages) notait un succès des auteurs italiens Valerio Varesi et Mimmo Gangemi.
Quais du polar sait aussi susciter l’imagination: Orange a convié les lecteurs à un petit-déjeuner pour rencontrer Marin Ledun. Tandis qu’un groupe de lecteurs-blogueurs, liés par Facebook sous l’appellation "les gones du noir" se rencontre chaque année le samedi matin: ils étaient 70 pour cette 3e fois.
Les professionnels y trouvent aussi leur compte, dans la journée Polar Connection qui proposait des rencontres sur l'édition italienne, le numérique et l'adaptation audio-visuelle. Les libraires ont été invités à un petit-déjeuner avec Bragelone et à un apéritif en présence de Douglas Preston par l’Archipel. "Depuis deux ans que nous thématisons les invitations des éditeurs étrangers, cela fonctionne très bien. Mais devant le succès des séries et le nombre de producteurs qui viennent, nous allons continuer à développer les sujets autour de l’adaptation audiovisuelle dans le cadre Polar Connection" promet Hélène Fischbach.