4 JANVIER - ROMAN France

Cécile Ladjali- Photo J.-B. HENNEQUINCOL/ACTES SUD

Ecrivaine de tête et de coeur, Cécile Ladjali aime inscrire dans l'histoire des grandes passions intemporelles dont elle accompagne le romantisme de sa belle langue classique. Pour son sixième roman, l'auteur d'Ordalie (Actes Sud, 2009) installe la tragédie - une fiction dans un environnement contemporain réel - dans les années 1970 et 1980 au Kazakhstan, sur les rives nord de la mer d'Aral, ce lac salé d'Asie centrale autrefois grand comme deux fois la Belgique et menacé d'assèchement total. Le narrateur, Alexeï, fils d'immigrés orthodoxes arrivés d'Ukraine en 1950, est né dix ans plus tard dans une ville qui fut portuaire, l'année où le gouvernement russe a décidé de détourner deux fleuves pour irriguer des champs de coton, provoquant le siphonnage de cette mer intérieure. Quand le récit débute, en 1982, le jeune homme qui a commencé à devenir sourd dès l'âge de 10 ans, est pourtant devenu violoncelliste et compose depuis l'adolescence, cherchant "la huitième note, celle qui existe au-delà des sept notes connues". Il est marié à la rousse Zena, qu'il adore depuis ses plus jeunes années. Elle est ingénieure et s'occupe de la vitale question des eaux dans la région. Le couple habite une maison de bois, "posée dans le désert ». Parmi les multiples désastres écologiques qui frappent ces berges de sable et de sel sinistrées, les habitants vivent sous la menace que fait peser la présence, sur l'île russe de Vozrozhdeniya, d'anciens laboratoires de fabrication d'armes biologiques. En 1984, un accident provoque la contamination de la ville par les spores de la peste, et Zena annonce à son compagnon qu'elle quitte le pays pour un poste à Paris... Abandonné à la désolation, doutant en outre de ses origines, le jeune homme tente de trouver refuge et salut dans sa musique, puisque l'art, nous rappelle la romancière, à l'inverse des amours, ne s'use pas.

10.03 2015

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