Agi Tadashi est en réalité le pseudonyme d’un frère et d’une sœur écrivant ensemble le scénario de cette série dont les 44 volumes traduits chez Glénat se sont vendus à deux millions d’exemplaires en France, et 10 millions dans le monde. Une suite est en cours, qui rend évidemment honneur à quelques beaux millésimes. Elle devrait continuer de favoriser les exportations de vin français au Japon, contribuant d’elle-même à rééquilibrer la balance commerciale des droits que Glénat transfère au duo japonais méritant, bienfaiteur du vignoble national. Sans se départir de ses lunettes noires et de son bref chapeau « car sans eux on ne me reconnaît pas », Agi Tadashi frère s’est jovialement dit très honoré de cette nouvelle décoration, prêt à continuer de faire découvrir le manga en France, et le vin au Japon.
Dissimulée parmi les invités jusqu’à ce qu’elle soit appelée, la très timide Rumiko Takahashi, auteure notamment de La maison Ikkoku, (aussi connu sous le nom de son adaptation Juliette je t’aime), ou de Ranman ½, autre série à succès publiée chez Glénat, a reçu des mains de Stéphane Beaujean, directeur artistique du Festival international de la BD d’Angoulême, le grand prix de la manifestation qui lui avait été attribué en janvier dernier.
Se disant très surprise que la vie quotidienne d’un étudiant amoureux préparant un concours difficile intéresse des lecteurs français, Rumiko Takahashi a modestement émis l’hypothèse que son histoire pourrait contenir une part d’universel. Une dimension qui se retrouve aussi dans Ranman ½, délicatement portée par une auteure qui n’est pourtant jamais sortie du Japon, ne possède pas de passeport, et a dû obtenir une dérogation pour rentrer dans l’ambassade avec sa carte de sécurité sociale.
Encore plus réservé, Akira Toriyama, auteur de la série Dragon ball vendu à 30 millions d’exemplaire en France, a envoyé son éditeur Akio Lyoku recevoir en son nom sa distinction de Chevalier des arts et des lettres. Compréhensif, l’ambassadeur a accepté là aussi une dérogation au règlement, célébrant le travail de Jacques Glénat, point commun éditorial entre ces quatre auteurs, « grand connaisseur du Japon et pionnier de la diffusion du manga en France, contribuant ainsi au développement des liens entre les deux pays ».