Un métier sinistré promis à un avenir destructeur?
"Le concept d'usine du livre du futur est intéressant mais est-on vraiment sûr qu'il y aura toujours des usines en France? L'innovation ok, mais n'oublions pas qu'il y a des hommes derrière", lance, un brin provocateur, Olivier Julien, P-DG d'Isiprint, revenant sur les fermetures d'imprimeries ces dernières années en France. "Il n'y a plus que 5500 imprimeries aujourd'hui. A l'horizon 2017, ce chiffre devrait tomber à environ 1500, et cela sera encore trop", lâche-t-il, présentant la filière comme "sinistrée" et mettant en cause les taxes et les lourdeurs administratives.
Contestant les chiffres avancés, Pascal Bovero, délégué général de l'Union nationale des industries de l'impression et de la communication (UNIIC), s'est voulu plus rassurant: "il n'y a pas d'effondrement du secteur! Notre filière est en pleine restructuration, mais le tonnage de livre imprimé comme la production ne chutent pas. Non le monde ne sera jamais condamné au 0 papier, comme on l'annonçait encore il y a quelques années".
Pour survivre: excellence et innovation
L'ensemble des professionnels présents se sont accordés sur le fait que la filière française avait tout ce qu'il lui fallait pour survivre et se développer, à savoir le savoir-faire d'excellence et le goût pour l'innovation.
"L'usine du livre du futur doit être innovante et nous, professionnels de l'impression et de la fabrication de livre, devons avoir les coudées franches", a lancé Olivier Julien. "La survie des imprimeurs en France ne pourra venir, à l'heure de la "best-selerisation" de notre profession, que de la plus-value numérique que nous pouvons apporter et de notre souplesse de délais et de production", a confirmé François Trolle, de Komori France. "Et plus nous innoverons, plus l'ensemble de la chaîne du livre en profitera".
"En France, nous avons une tradition d'excellence dans la fabrication de livre, et les imprimeurs qui aujourd'hui se regroupent pour mettre en avant le savoir-faire graphique français l'ont bien compris", explique Pascal Bovero. "Restons positifs, car nous sommes les leaders mondiaux en la matière".
Le livre va bien
"Quoi qu'il en soit, le livre va bien. Et bonne nouvelle pour nous, les ventes d'ebooks aux Etats-Unis semblent décliner. J'ai même eu une agréable surprise au restaurant l'autre jour quand j'ai remarqué que même les sociétés 100% web se mettaient au papier", a conclu Olivier Julien, en brandissant un exemplaire de "La Fourchette" imprimé.