Des témoignages, des échanges d'expériences concrètes, de vives engueulades, des propositions, des réflexions anthropologiques et des prises de position très pragmatiques : il y a eu tout cela au cours de la journée consacrée, jeudi 16 mai au Centre national du livre, aux revues et à leur avenir.

Sous l'intitulé Revues en stock, le site Nonfiction.fr, avec le CNL et en partenariat avec Ent'revues et Livres Hebdo, a proposé six débats qui ont réuni chacun une quarantaine de personnes, pour faire le tour des problématiques auxquelles sont confrontées les revues aujourd'hui : mutation de la diffusion, hybridation entre le numérique et le papier, nouvelles formes de revues que sont les mooks, difficultés économiques, mais aussi vitalité de la création.

Comme l'a résumé d'entrée de jeu Bernard Condominas, directeur éditorial des éditions Le Félin (qui publient Esquisses et Incidences) et membre du comité de rédaction de la Revue des deux mondes, «il est évident que nous sommes dans une très grande crise vis-à-vis des revues, c'est extrêmement difficile. On se bagarre tous les jours. Mais il y a toujours la joie, le désir, la pulsion de continuer à publier et à créer des revues, avec des politiques éditoriales qui veuillent dire quelque chose».

Du bénévolat intégral de Vacarme aux 45 000 ventes mensuelles de So foot, des cas de figure très différents ont été discutés. Avec une préoccupation commune : celle de la diffusion dans un contexte où les libraires, même militants, ont du mal à maintenir les revues en rayon ou sur les tables, et où les revuistes ont le sentiment de ne pas être suffisamment présents en bibliothèques. «La diversification des sources de revenus est absolument nécessaire», a plaidé Yann Moulier-Boutang, de Multitudes.

Des problématiques qui ne pèsent pas sur la vitalité : selon Ent'revues, il existe environ 2 000 revues en France, et il s'en crée chaque année entre 60 à 80.