Pour comprendre le marché du livre numérique, différent du livre papier, il est nécessaire d'avoir des données, ce qui manque encore aujourd'hui en raison de la rétention d'information pratiquée par les revendeurs, Amazon en tête. Pour remédier à cette lacune, Rüdiger Wischenbart, consultant spécialiste de l'économie du livre (prestataire de Livres Hebdo pour la réalisation du classement mondial de l'édition) a collecté les données de distributeurs numériques en Allemagne-Autriche, Pays-Bas, Italie et Espagne. La tentative de coopération avec des distributeurs en France a échoué jusqu'à présent, d'où l'absence d'information concernant le marché national.

La sensibilité au prix est la grande tendance commune aux quatre bassins linguistiques étudiés dans ce premier « Baromètre du livre numérique », qui s'explique par la caractéristique technique du support : il est très facile de modifier les prix d'un livre numérique et les éditeurs ne se privent pas de conduire des expériences qu'ils ne peuvent pratiquer pour le livre papier. Mais l'immatérialité du livre a aussi persuadé les lecteurs que le numérique doit être moins cher que le papier. D'où ces prix moyens assez bas, au niveau du poche dans les pays considérés.

Le meilleur rapport entre revenu et volume s'obtient en général avec un tarif inférieur à 10 euros, avec quelques variantes en fonction des thèmes (éducation en Allemagne) et surtout de la notoriété de l'auteur. En Espagne, il ne se vend presque rien au-dessous de 10 euros, mais en Allemagne et aux Pays-Bas, il est possible d'atteindre de bons résultats autour de 12-13 euros.

La saisonnalité est une autre caractéristique à peu près commune. Les ventes connaissent leur pic au début des vacances d'été, et dans une moindre mesure l'hiver : le livre numérique n'est pas un cadeau de Noël, mais la liseuse, oui, ce qui déclenche un petit sursaut en fin d'année et en janvier.

En ce qui concerne les genres, la romance domine avec environ la moitié des ventes, pour des prix toutefois très bas, auxquels les auteurs de thriller ne sont pas obligés de se soumettre pour atteindre de bons scores, de même que les spécialistes de la SF et la fantasy quand ils disposent d'une communauté de fans prêts à les suivre.