« La situation précarisée des auteurs exige une mobilisation collective », proclame le titre du chapitre consacré aux créateurs, dans le rapport sur la bande dessinée en France. Récemment remise au ministre de la Culture et réalisée par Pierre Lungheretti, directeur général de la CIBDI, cette étude ne produit pas de données nouvelles sur la rémunération des auteurs de bande dessinée (dessinateurs et-ou scénaristes), mais rassemble des analyses jusqu'alors dispersées (Enquête des Etats généraux de la BD, 2015, Etude KPMG sur les maisons d'édition, 2015, Situation économique et sociale des auteurs du livre, 2016) qui confirment toutes une dégradation. Elle apparaît paradoxale, alors que la BD reste le secteur le plus dynamique de l'édition, et que les avances accordées aux auteurs étaient « trois fois supérieures à la moyenne », du moins jusqu'en 2013, selon la dernière enquête réalisée par KPMG.
Selon les éditeurs auditionnés, « la part totale consacrée à la rémunération des auteurs équivaut à 20 % de leurs dépenses », car 80 % des avances ne seraient pas couvertes par les ventes, ce qui laisse craindre un risque de réduction à l'avenir. Le volume de production, qui permet de maintenir un chiffre d'affaires global, se traduit par un effritement des résultats par titre. Le rapport préconise de compenser cette situation par les revenus annexes, avec le soutien des collectivités locales, et de rémunérer notamment les dédicaces lors des festivals, une revendication très ancienne des dessinateurs. Il propose aussi de conditionner les aides publiques aux éditeurs au respect d'un code des usages à définir. La question d'un statut spécifique, inspiré de celui des intermittents du spectacle, eu égard à la particularité du travail des dessinateurs, est évoquée, mais sans faire l'unanimité.