Un trio serait-il en train de se constituer pour la reprise d’Editis ? Selon les observateurs, c’est ce qui semble se dessiner après la clôture des dépôts de dossier de reprise du groupe mis en vente en juillet 2022 par Vivendi. Selon des documents internes consultés par Livres Hebdo, à la fin du mois dernier, la direction de Vivendi a admis travailler sur « quatre à cinq » offres de rachat. Dans l'une d'elles figurerait le nom de Pierre-Edouard Stérin, nouveau venu dans l'affaire. L'entrepreneur serait associé dans une potentielle offre commune de reprise avec Daniel Kretinsky et Stéphane Courbit.
113ème fortune française
Pierre-Edouard Stérin, 49 ans s’est enrichi bien loin du monde de l’édition, qu’il a néanmoins tutoyé en 2009 en acquérant le guide gastronomique Gault & Millau, dont il s’est séparé en 2016 contre 2 millions d’euros, soit quatre fois moins que l’investissement initial, selon Les Échos. Il a fait fortune à la fin des années 2000 -au point d'accéder, avec un milliard d'euros, au 113ème rang des Français les plus riches selon Challenges - après avoir fondé la branche française de Smartbox, société qui produit des coffrets cadeaux dont le succès ne flanche pas et qui est en passe d’être rachetée par Wonderbox, son concurrent direct Le dossier de ce rachat est suivi depuis près d’un an par l’autorité de la concurrence européenne, tout comme celui du rachat de Lagardère par Vivendi et la cession du groupe Editis qui en découle.
« ROIste » convaincu, catholique pratiquant et philanthrope revendiqué
Depuis 2009 et la création de son fond d’investissement Otium Capital, Pierre-Edouard Stérin a investi dans une soixantaine d’entreprises, principalement des starts-up de la tech, comme La Fourchette, PayFit ou Blissim. Au journal Les Echos qui lui consacrait un portrait en 2018, ce diplômé de l’EM Lyon se revendiquait « ROIste avant tout », recherchant la création de valeur en premier. Discret leader des business angels français en 2019, il ne cache cependant pas avoir vécu plus d’échecs entrepreneuriaux que de succès.
@Editis_officiel convoité par l’association de trois entrepreneurs Daniel Kretinsky, Stéphane Courbit et Pierre Edouard Sterin.
— Arnaud MARION (@ArnaudMarion) February 17, 2023
Une solution compatible avec Bolloré qui rachète Hachette (en reprenant Lagardere) et doit se désengage d’Editis
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Critique envers la gestion du budget de l’État, ce normand d'origine s’est exilé en Belgique au moment de l’accession à l’Elysée François Hollande, en 2012. « Je préfère éviter de payer l’impôt, et ainsi gagner plus d’argent, pour le redistribuer à bon escient, au profit de projets que nous sélectionnons, où l’euro dépensé sera beaucoup plus efficace que dans la grande machine de l’État », s’est-il justifié au magasine Le Pèlerin l’an dernier. Ce fervent catholique, père de cinq enfants, « Bolloré compatible » selon Le Monde et présenté par Challenges comme financier de la candidature d’Eric Zemmour en 2022 (ce que l’intéressé à réfuté), s’est engagé dans la production de la docufiction du Puy du Fou, Vaincre ou mourir.
Vision d'investissement à long terme
Clairement libéral et conservateur assumé Pierre-Edouard Stérin se montre aussi animé d'une vision sociétale, à l'instar du tchèque Daniel Kretinsky. Milliardaire, il revendique un « train de vie de cadre supérieur » et place la grande majorité de sa fortune dans le Fonds du Bien commun qu'il a créé fin 2021. Une structure dédiée à des projets dans « l’éducation, la croissance humaine et spirituelle, la solidarité et la fragilité, le patrimoine et la souveraineté européenne », selon le site internet du fond.
Selon La Lettre A, en cas de reprise d'Éditis, le trio Courbit-Kretinsky-Stérin souhaiterait que toutes les décisions soient prises à l’unanimité et qu'un DG soit nommé pour garantri l’indépendance des 53 maisons d’éditions.
Du côté de Vivendi, on se refuse à tout commentaire sur la possible offre du trio. Cependant, le rachat d'Editis par une association d'investisseurs plutôt que par un investisseur unique aurait les faveurs du groupe, quitte à rallonger les délais de l’opération de vente. Le groupe de Vincent Bolloré pourrait révéler l’identité du ou des repreneurs le 8 mars, date de publication de ses résultats annuels.