Cette année 2009 ne démarre pas sous les meilleurs auspices, on en conviendra. Et les écrivains nous le prouvent. Télérama a demandé à une dizaine d’entre eux un texte pour célébrer le passage à l’an Neuf. La « crise » affleure dans beaucoup de textes. Et deux auteurs proposent carrément de zapper 2009. Régis Jauffret : « Le 1er janvier, je me retiendrai d’exister douze mois durant, afin d’éviter de subir les affres de cette année transitoire dont vous transmettrez aux générations futures le souvenir cuisant. » Et François Bégaudeau : « J’ai une idée : et hop, on saute par-dessus 2009 et c’est reparti pour une année glorieuse »…  Pas très optimiste, tout cela. Mais restons sur Bégaudeau : c’est une « vache sacrée », nous dit Marianne . L’hebdomadaire a concocté un dossier sur « ces icônes devant lesquelles chacun doit s’incliner, à tort ou à raison ». Comme toujours, avec Marianne , on part d’une idée originale — ça nous change des sempiternels dossiers sur l’immobilier ou le mal de dos auxquels sont abonnés les autres hebdos — pour aboutir à un résultat un peu foutoir. Cela dit, voir traiter Paul Claudel de « fripouille de bénitier » ne pouvait que me réjouir… Et sur Bégaudeau, que dit Marianne ? « Dans une époque malade, voilà un Diafoirus cool, ami et guérisseur de toutes les victimes du système. Et qu’importe que lui-même en soit un parfait produit, cynisme roublard compris. Pour l’heure, il plaît et entend bien en profiter ». Ce n’est pas bien méchant. Et c’est vrai, qu’il plaît : on le voit partout. A preuve : le Magazine littéraire de janvier nous le sert, en entrée, sur plusieurs pages de dialogue avec Stéphane Audeguy sur un thème en or : « Que fait la littérature de son époque ? ». Constat prudent de Bégaudeau : « N’oublions pas qu’un artiste n’agit jamais que dans le champ esthétique ». Sauf que Picasso peignant Guernica va au-delà de la simple émotion esthétique. Mais ce qu’on retiendra surtout de cette livraison du Magazine littéraire , c’est l’excellent — et copieux —dossier sur Barthes (avec ce titre malin : « Barthes refait signe »). Avec en prime, des extraits de ses carnets de voyage en Chine, à paraître chez Bourgois début février. *** Le ministère de la Culture fêtera ses 50 ans en février. Le Monde (du 29 décembre) a publié un entretien passionnant avec Jean-Jacques Aillagon, ou l’ancien titulaire du poste (de 2002 à 2004) dresse un audit sans concession des faiblesses de la rue de Valois : « Empiler les subventions ne fait pas une politique », dit-il notamment — que n’a-t-il essayé d’y remédier, quand il était aux commandes… ? Et il va même jusqu’à s’interroger sur la pertinence de garder un tel ministère, dont il dit encore : « Aucun ministère n’est autant obsédé par sa propre existence, au point de devenir une machine à communiquer ». Sur l’actuelle titulaire du poste, Christine Albanel, Patrick Sébastien ( * ), dans le Parisien , tire à boulets rouges : « Elle est la ministre de "sa" culture », dit-il. C’est encore lui faire beaucoup d’honneur. De Christine Albanel, on ne retiendra pas grand-chose, sinon qu’elle a « défendu » l’ahurissant projet de loi sur l’audiovisuel (suppression de la pub sur les télés publiques, nomination des pédégés par le président de la République…), dont il n’est pas interdit de penser qu’il se retournera comme un boomerang sur ses inspirateurs. Albanel survivra-t-elle au prochain remaniement ? Le Point a demandé à un panel de personnalités de noter les ministres. Albanel arrive en queue de liste. Avec ce verdict sans appel : « Doit quitter son poste » ! Les personnalités en question sont des politologues, des patrons d’instituts de sondages, des universitaires, le directeur de Sciences-Po, la directrice de Normale-Sup et… Térésa Crémisi, la pédégère de Flammarion. ( * ) Dès qu’on prononce le nom de Patrick Sébastien, beaucoup de bonnes âmes se bouchent le nez. Le bonhomme a ses défauts, certes, n’empêche : son « Plus grand cabaret du monde » perpétue avec brio la tradition des arts du cirque, des arts vivants, que Jack Lang, en son temps, avait voulu revivifier. C’est, à mes yeux, la meilleure émission de divertissement de la télévision française. Et elle s’inscrit dans une forme de culture qui date de la nuit des temps.
15.10 2013

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