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Rachida Dati : « Je me battrai pour que les crédits alloués à la création soient sanctuarisés »

La ministre de la Culture, Rachida Dati, a adressé ses vœux 2025 au monde de la culture. - Photo EC

Rachida Dati : « Je me battrai pour que les crédits alloués à la création soient sanctuarisés »

Alors que les tensions se cristallisent autour des crédits alloués à la culture dans le cadre du projet de loi de Finances 2025, la ministre de la Culture Rachida Dati a présenté ses vœux lundi 27 janvier lors d’une conférence au palais de la Porte Dorée, à Paris.

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Par Élodie Carreira
Créé le 28.01.2025 à 11h15

Patrimoine, réforme de l’audiovisuel, projet de loi Finances, pass Culture « rénové » …. Les enjeux évoqués par la ministre de la Culture Rachida Dati lors de ses vœux, lundi 27 janvier, étaient nombreux. Comme l’an passé, elle s’est exprimée depuis le vaste hall du Palais de la Porte Dorée, qui abrite notamment le Musée de l'Histoire de l'Immigration, devant une importante assemblée d’acteurs culturels.

En raison des difficultés connues par le secteur culturel, auxquelles s’est récemment ajoutée l’annonce d’une nouvelle coupe de 50 millions d’euros pour son budget en 2025, le ton de la locataire de la rue Valois a été bien plus grave cette fois que lors de son entrée en fonction.

Certains des acteurs présents n’ont d’ailleurs pas manqué de lui signaler leur mécontentement. À peine la ministre s’est-elle avancée au micro qu’une quinzaine de militants CGT issus du spectacle vivant, drapés de couvertures de survie, lui ont tourné le dos. Plaidant le dialogue, la ministre a averti : « Le dos à dos, ça finit toujours mal ». « Vous m’avez demandé de mener des combats tenaces, ai-je fait le contraire ?, a-t-elle poursuivi, conviant les contestataires à un face-à-face. J’ai des choses à vous dire ce soir ».

Un budget culturel raboté

Un peu plus tôt dans la journée, une quinzaine d’organisations du secteur avait requis, par voie de presse, un nouveau rendez-vous avec la ministre avant la tenue, jeudi 30 janvier, de la commission paritaire sur le projet de budget 2025. Ces organisations reprochent notamment au ministère de la Culture de soutenir un projet de loi rabotant de plus de 200 millions d’euros les crédits alloués à la culture, pôle audiovisuel compris.

Rachida Dati
À peine son discours entamé, Rachida Dati a interrompue par des acteurs du spectacle vivant mécontents des coupes budgétaires qui menacent le secteur - Photo EC

Mais la ministre, qui a affirmé lutter pour « la sauvegarde de notre modèle culturel et des emplois qui en dépendent », estime ne pas être responsable de cette baisse des dotations. « Je vous entends et je me battrai pour que les crédits alloués à la création soient sanctuarisés », a-t-elle martelé, évoquant le maintien des 250 millions d’euros de crédits débloqués par un amendement exceptionnel, en faveur des investissements patrimoniaux. Et d’y ajouter la création d’un fonds d’urgence de 40 millions d’euros pour la création artistique et le spectacle vivant.

Des projets à la pelle

Mettant les collectivités face à leurs contradictions – certaines d’entre elles ayant largement réduit leurs efforts financiers en faveur de la culture – Mme Dati a ensuite enchaîné avec un discours énumératif de toutes les actions à mener dans les prochaines semaines.

Parmi elles, la réforme de l’audiovisuel, qu’elle mènera « à son terme d’ici l’été », la traduction législative des États généraux de l’information, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, la réglementation de l’intelligence artificielle, la création d’une « maison des cultures urbaines » qui devrait voir le jour en mars prochain, ou encore la mise en place obligatoire d’équipements culturels « là où on en a le plus besoin » (notamment des « librairies au pied des immeubles » dans les quartiers prioritaires).

Un pass Culture 2.0

Si elle s'est montrée moins loquace sur la filière du livre, la ministre de la Culture a néanmoins réaffirmé sa volonté de réformer le pass Culture, dont le dispositif a été sévèrement critiqué par la Cour des comptes. « L’année 2025 sera l’année d’un pass Culture rénové pour qu’il puisse vraiment être un instrument d’accès à la culture », a insisté la locataire de la rue de Valois, invoquant de nouveau l’instauration de conditions de ressources pour les bénéficiaires du dispositif et le fléchage d’une partie de son budget vers le spectacle vivant.

Lire aussi : « Pass Culture : Rachida Dati défend sa réforme »

La ministre souhaite également remettre sur la table la question des négociations sur les droits d’auteur, et s’est réjouie de la mise en œuvre, avec l’Institut national des jeunes aveugles (INJA), d’un portail de lecture pour les publics empêchés.

Cinq nouveaux chantiers

Ces constats établis et sa position réaffirmée, Rachida Dati a enfin annoncé cinq nouveaux chantiers, parmi lesquels l’élaboration d’un « National Trust à la française », pour revaloriser les monuments historiques du territoire, avec le soutien du Centre des monuments nationaux (CMN). Elle a également envisagé l’adoption d’une stratégie nationale en faveur de l’architecture, la création « d’une grande fondation pour l’art contemporain » ou encore celle d’un musée du cinéma pour assurer « la transmission du patrimoine et de la culture cinématographique ». Des idées, la ministre n’en manque pas. Reste à savoir de quel budget elle disposera pour les transformer en réalité.  

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