Suite à un cancer des poumons, Bernard Rapp est mort à l’âge de 61 ans, jeudi 17 août. Ancien journaliste – il s’était surtout fait connaître des Français en présentant le journal de 20h d’Antenne 2 de 1983à 1987 – il avait préféré le stress du Box office cinématographique aux angoisses de l’audimat. De 1997 à 2004, il aura réalisé 4 films, dont Une affaire de goût (5 nominations aux César).

Entre la « grand messe » cathodique et le grand écran, il avait préféré passer les plats. Avide d’arts et de culture, il aimait partager ses goûts, toujours sur le service public. Dans L’assiette anglaise (1987/1989) pour laquelle il reçoit un Sept d’Or, puis dans Jamais sans mon livre, Caractères (pour compenser l’absence de Pivot et d’Apostrophes), Rapp tout (seulement 6 émissions), il devient un des rares mais ardents défenseurs du livre à la télévision. Comme pour parachever cette partie de sa carrière, de 1995 à 2001, il présente la série documentaire et populaire Un siècle d’écrivains. 257 portraits mis en boîte.

« J’ai lu 3000 livres pour mes émissions et je me suis rendu compte à quel point je ne savais rien. Au fur et à mesure qu'on s'y enfonce, la dimension du fossé est de plus en plus vertigineuse » confiait-il à Libération au milieu des années 90.

Rapp fut également auteur : le guide touristique Itinéraire Angleterre Pays de Galles Ecosse, un inventaire fétichiste sous forme de beau livre, Quality : objets d’en face, des portraits d’auteurs anglais, rédigés avec Olivier Barrot, Lettre anglaise, une promenade de Shakespeare à le Carré ; il a aussi coécrit le Dictionnaire mondial des films (Larrousse) et préfacé Un Anglais à Paris de Michael Sadler.

Lui aimait particulièrement Conrad et ses héros perpétuellement insatisfaits. Nombreux sont ceux qui ont rendu hommage à cet « honnête homme ».