Dans le cadre de la mission gouvernementale sur la transformation numérique de l’économie française qu’il mène depuis janvier, Philippe Lemoine s’est penché sur la librairie indépendante. "C’est un meilleur creuset que les grandes enseignes de distribution culturelle, très productivistes, pour travailler sur l’intégration et le développement du numérique dans le commerce français", assure celui qui dirige également la société LaSer et préside la Fondation Internet nouvelle génération. Dans son rapport remis le 7 novembre à Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, et à sa secrétaire d’Etat chargée du numérique Axelle Lemaire, il fait figurer, aux côtés de huit autres projets qui "seraient susceptibles de faire bouger l’ensemble de l’économie s’ils démarraient maintenant", un plan "Librairie du futur, première application de la réinvention du commerce".
Principale préconisation du projet : la modernisation de la chaîne logistique du livre, qui doit se rapprocher du concept de "l’Internet physique, un modèle d’optimisation des flux logistiques poussés à l’extrême" capable de livrer en moins de vingt-quatre heures clients, magasins et sites de vente à distance. Pour réussir le passage à une "librairie connectée", le rapport recommande également "l’évolution des libraires vers un métier de prescripteurs de support et de livre numérique", et l’expérimentation d’une "batterie d’innovations technologiques" telles que la "mutualisation des stocks et l’organisation des librairies en réseau" ou des solutions "printlab d’impression de livres in situ". Peu disert sur la question du financement, Philippe Lemoine propose, pour "cadrer le projet", de s’appuyer sur "la dynamique engagée dans le cadre du projet MO3T" d’Orange, pourtant très ralentie à ce jour ; sur la concertation entre libraires et éditeurs ; et sur l’ouverture à des start-up. Assez convenu lorsqu’il s’agit de la librairie, le rapport se révèle toutefois plus percutant dans ses analyses globales concernant le commerce, avec notamment la mise en avant de l’importance de l’expérience client, du développement de la valorisation des services innovants et de points de vente hybrides "mêlant technologie et humain".
Cécile Charonnat
