Édito par Christine Ferrand, rédactrice en chef

L’époque est aux grandes manœuvres. Amazon espère acquérir des super-pouvoirs en s’offrant la plateforme Comixology, qui distribue 70 % des comics aux Etats-Unis. Le magnat de la presse Robert Murdoch rachète pour 300 millions de dollars le roi du roman sentimental, Harlequin, par le biais de sa filiale d’édition HarperCollins. Une façon de prendre position vis-à-vis de ce même Amazon et de ses ambitions éditoriales.

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Loin de ces turbulences, les écrivains préfèrent se recentrer sur leur pré carré. "Il y a deux grandes occupations en ce monde : écrire des livres et les lire", assure Martin Page dans son alerte Manuel d’écriture et de survie (Seuil). Tout en renouvelant le genre, ses lettres à une jeune écrivaine sont surtout l’occasion de décrire l’intimité d’un jeune romancier (il n’a pas encore 40 ans), également auteur pour la jeunesse et curieux de tous les modes d’expression. Sans cacher la difficulté de vivre de sa plume - qui lui interdit par exemple d’habiter à Paris -, Martin Page brosse un tableau très gai, aux antipodes de la déploration coutumière, de ce mode de vie.

C’est un panorama plus sombre que décrit Le liseur du 6 h 27, puisque ce roman de Jean-Paul Didierlaurent (Au Diable vauvert) a pour personnage principal une machine à pilonner les livres. La cocasserie des situations qu’il met en œuvre apparente cependant l’auteur à la famille des primo-romanciers fantaisistes à la Romain Puértolas, l’auteur de L’extraordinaire voyage du fakir…, qui délivrent avec humour quelques messages sur notre société. Avant même qu’elle ne se retrouve en librairie, cette fable contemporaine sur le pouvoir de la lecture a été la vedette de la Foire de Londres et a été achetée par plus d’une vingtaine de pays, beau témoignage de l’universalité de l’amour du livre.

L’amour du livre, on le retrouve en Suisse qui, vue de l’Hexagone, continue de faire figure de pays de cocagne. Le succès de la nouvelle édition du Salon du livre et de la presse de Genève a confirmé la sérénité du marché du livre de Suisse romande où, selon une enquête récente, 82 % des habitants interrogés lors d’un précédent salon disent avoir acheté un livre au cours de l’année écoulée. Selon la dernière enquête Ipsos/Livres Hebdo, on arrive en France à peine à 51 % d’acheteurs de livres.

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