ÉDITO par Christine Ferrand, rédactrice en chef

La Fnac n'a pas dérogé à la tradition. Elle a fait la fête, mardi dernier, pour dévoiler son prix du Roman, décerné cette année à Peste & choléra de Patrick Deville. Pourtant, les temps sont durs pour les grandes surfaces culturelles. En fait, c'est toute la grande distribution traditionnelle qui est à la peine pour n'avoir pas su relever le gant du numérique.

Photo OLIVIER DION

L'été en a apporté une nouvelle démonstration. En juillet, selon notre indicateur Livres Hebdo/I + C, le CA livre des grandes surfaces culturelles a reculé de 6 % par rapport à l'activité réalisée à la même époque en 2011, tandis que les hypermarchés ont plongé de 7 %. Il faut certainement y voir les effets conjugués d'Internet et de la crise - avec notamment le renchérissement de l'essence. Mais du coup, le commerce de proximité reprend des couleurs. C'est une bonne nouvelle pour les libraires auxquels la rentrée redonne la niaque.

Vingt romans, parus depuis huit jours à peine, s'installent sur notre liste des 50 meilleures ventes de la semaine, dont deux, Barbe bleue d'Amélie Nothomb et Les lisières d'Olivier Adam, s'immiscent dans notre top 20 tous genres confondus. C'est beaucoup plus que d'habitude à la même période. On a envie d'y voir un regain d'appétit de lecture.

Au-delà de la rentrée littéraire, nous avons recensé les "locomotives" - à ne pas confondre avec les romans de gare, souligne notre facétieux dessinateur Boll - susceptibles de relancer le marché. Du roman pour adultes de J. K. Rowling, la créatrice d'Harry Potter, au nouvel opus de Laurent Gounelle, philosophe de l'art de vivre, en passant par Cinquante nuances de Grey, le très attendu "mommy porn" de E. L. James, les livres dont le potentiel de ventes dépasse les 100 000 exemplaires n'ont jamais été aussi nombreux.

Même s'il est à l'origine du premier scandale de la saison, Richard Millet ne risque pas, lui, de stimuler la lecture. La polémique qu'il a suscitée avec son Eloge littéraire d'Anders Breivik, le tueur norvégien, pourrait avoir l'effet inverse, tant la littérature paraît gratuitement prise en otage dans le désir forcené de l'auteur de La gloire des Pythre de se faire remarquer, voire détester. Tout est dit dans De l'antiracisme comme terreur littéraire, un autre opuscule du même : "Je suis l'un des écrivains français les plus détestés. Position intéressante, qui fait de moi un être d'exception." La détestation comme marketing, il n'est pas sûr que ça marche.

Les dernières
actualités