Si Cioran est à l'origine de ce livre, on l'oublie vite tant l'essai de Frédéric Spinhirny dépasse le cadre d'une discussion sur De l'inconvénient d'être né. Il aborde le désir de procréer dans une planète surpeuplée et menacée comme un acte philosophique. Directeur adjoint à l'hôpital Necker - Enfants malades à Paris, il se saisit de sujet également de manière très empirique : si nous n'assistons jamais à notre propre commencement, nous avons des possibilités d'avoir conscience du départ.

Face au pessimisme appuyé de Cioran, Spinhirny oppose une pensée de la naissance qui redonne toute sa force à l'idée de mettre au monde. Pour lui, le fait que la mère de Socrate fut une sage-femme n'est pas anodin dans le développement intellectuel du fils. « A travers l'histoire de Socrate et de sa mère, la naissance de la philosophie serait donc à l'origine une philosophie de la naissance. » Par son art du dialogue, le philosophe se voit aussi comme un accoucheur, mais de vérité. L'allégorie de la caverne prend alors un tout autre sens si on l'envisage comme le ventre maternel. La philosophie se montre alors comme une renaissance et comme une sorte d'urgence pour prendre soin du monde. Voilà donc un essai concis et subtil pour lutter contre tous les catastrophismes ambiants.