Selon
le quotidien québécois Le Devoir, la chaîne de librairies Renaud-Bray a bousculé une fois de plus les habitudes. Depuis vendredi 6 février, elle propose en magasin et sur son site Internet des exemplaires du huitième tome du
Journal d’un dégonflé intitulé "Pas de bol !". Or la mise en rayons n'étaient prévue qu'aujourd'hui. Pas fair-play Renaud Bray?
Jusque là, toutes les librairies du Québec mettaient en vente les livres le même jour dans toute la Province. Elles ne reçoivent les nouveautés que le jour de leur mise en vente, parfois un ou deux jours avant la mise en place. Même pour des événements comme Harry Potter, la date de sortie était respectée par tous.
Or, selon le
Devoir, "
quelques dizaines d’exemplaires du dernier tome de la série de Jeff Kinney (Seuil) se trouvaient vendredi au Renaud-Bray de la rue Fleury à Montréal. Lundi, 38 exemplaires étaient disponibles à la succursale de la rue Saint-Denis."
Par un courriel au
Devoir, Blaise Renaud, P-DG des librairies Renaud-Bray, se justifie en expliquant que son groupe offre à ses clients "
un choix inégalé". "Nous déployons les meilleurs efforts afin que les livres soient mis en vente avec le moins de décalage possible par rapport à leur parution à l’étranger" ajoute-t-il en précisant que le livre est disponible en France depuis début janvier.
Concurrence déloyale
Pour Blaise Renaud, "
c’est le distributeur local des éditions du Seuil [Dimedia] qui manque de fair-play face aux libraires et aux consommateurs en retardant la livraison." Mais certains s'interrogent surtout sur la méthode. Les livres ne seraient arrivés que vendredi dernier par bateau. Aussi soupçonne-t-on Renaud-Bray d'avoir fait parvenir les ouvrages par avion.
Pour l’ADELF (Association des distributeurs exclusifs de livres en langue française), citée par le journal, "
le milieu québécois du livre s’est donné une série de règles d’affaires qui évite qu’un détaillant plus fort que les autres écrase ses concurrents, domine le marché, puis finisse par fixer le prix de vente des livres comme il le veut. Renaud-Bray refuse de se soumettre à ces règles. Cette situation est préoccupante. Dans le cas de Journal d’un dégonflé,
les autres libraires subissent une concurrence déloyale, les droits de l’importateur sont spoliés et le lecteur a peut-être payé son livre plus cher. Il n’y a que des perdants."
Procédure en cours entre Renaud-Bray et Dimedia
Car, outre la mise en place avec 5 jours d'avance, Renaud-Bray est aussi accusé d'avoir tarifé le Journal d'un dégonflé à 22,95$CAN, soit 3$CAN de plus que le prix suggéré. Ce prix a depuis été rectifié, au tarif indiqué par le distributeur.
Katherine Fafard, directrice générale de l’Association des libraires du Québec (ALQ), a confié au quotidien montréalais: "
Jamais nous n’avons vu un libraire vendre une nouveauté avant la date de la mise à l’office. Cela aurait été carrément impossible. Rappelons que la Cour supérieure a, en juin 2014, rejeté la demande d’injonction déposée par Diffusion Dimedia contre la chaîne de librairies. Cette dernière importe depuis directement de France certains livres, qui sont pourtant distribués de manière exclusive sur le territoire québécois par Dimedia. "
Renaud-Bray est en conflit depuis le printemps 2014 avec Diffusion Dimedia. La chaîne de librairie a changé unilatéralement les règles commerciales qui la liait au diffuseur, qui a répliqué en cessant la livraison de ses titres issus de plus de 300 éditeurs. Une procédure est en cours entre les deux parties.