On peut avoir pour thème « Les vivants et les morts » et témoigner d’une vitalité sans borne. La 26e édition des Rendez-vous de l’histoire, qui se déroulaient à Blois du 4 au 8 octobre, en a apporté la preuve éclatante sous le soleil obstinément estival des bords de Loire.
Présidé cette année par Michel Pastoureau, l’événement blésois a de nouveau fait le plein, ainsi qu’en témoignait la longueur des files d’attente pour accéder aux quelque 600 rencontres et conférences gratuites proposées tout au long des cinq jours de manifestation. Parmi les têtes d’affiche figuraient Pierre Lemaître, président du salon du livre, Jean-Noël Jeanneney, président du conseil scientifique, Annette Wieviorka, Jean-Christian Petitfils, Vinciane Despret ou encore Marie Favereau, lauréate du grand prix des Rendez-vous de l’histoire pour La Horde (Perrin).
Il était évidemment impossible de tout voir, mais « un festival qui marche est un festival qui crée de la frustration », sourit Hélène Renard, responsable du salon du livre. Gratuits pour le public, Les Rendez-vous de l’histoire disposent d’un budget d’1,2 million d’euros, largement financé par les collectivités locales et l’État, et qu’ils défendent farouchement. Lors de la conférence d’ouverture officielle à la Halle aux grains, le directeur du festival Francis Chevrier a ainsi déploré le retrait cette année de la subvention allouée par le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. « Une première » dans l’histoire des Rendez-vous a-t-il souligné, appelant de ses vœux à un partenariat renouvelé avec les services de la ministre Sylvie Retailleau. Lui succédant au micro, le recteur de l’académie Orléans-Tours Gilles Halbout a ensuite assuré le retour de la subvention dès l’édition 2024.
« Attraper les bonnes idées »
Côté salon du livre, libraires et éditeurs ont répondu présents. « On note un certain renouvellement du public. Les gens viennent de loin pour rencontrer les auteurs et bénéficier de la richesse exceptionnelle de l’offre », observe Joël Hafkin, patron de la librairie tourangelle La boîte à livres et habitué du salon depuis la première édition. Si les Rendez-vous sont un événement où « l’on vend habituellement bien », ils apparaissent d’abord comme un outil de communication pour les éditeurs. « On ne gagne pas d’argent sur le salon, confie Nicolas Gras-Payen, directeur de Passés Composés. Mais le retour sur investissement se mesure à l’aune des échanges avec la profession, les historiens et le public. » « Nous sommes là pour montrer qu’on existe, pour capter l’air du temps et attraper les bonnes idées », abonde Stéphane Goulhot, directeur du Félin. Installé dans un stand de 2 mètres de linéaire, l’éditeur vient chaque année.
Rampe de lancement
Le rendez-vous blaisois est également une rampe de lancement reconnue. « C’est à Blois que j’ai présenté l’an dernier les premiers titres de mon catalogue, la collection de poche "Destins", se remémore Cédric Michon, fondateur en 2022 des éditions Calype. Cela m’a permis d’être repéré par de nombreux libraires et a beaucoup contribué à créer de la notoriété. » Fort de cette expérience, l’éditeur est revenu cette année pour présenter son premier grand format : 1709 - l’année où la révolution n’a pas éclaté de Gauthier Aubert. Rançon du succès, les places sont chères dans le salon. « Nous avons dû refuser une vingtaine de demandes d’exposants, indique Hélène Renard. Il y a environ 200 stands répartis sur 2 800 m2, nous ne pouvons pas aller au-delà car nous souhaitons conserver la dimension humaine des Rendez-vous. »
Cette édition 2023 a par ailleurs été marquée par plusieurs nouveautés, dont la création d’un podcast permettant d’écouter des conférences issues d’anciennes éditions. Au sein de l’agora numérique, six films ont également été proposés pour la première fois en réalité virtuelle. Enfin, pour la deuxième année consécutive, les Rendez-vous avaient organisé fin septembre un Game Jam, compétition de création de jeux vidéo dans laquelle historiens et informaticiens s’efforcent de transformer des thèses de doctorat en jeux vidéo. Pendant le festival, un stand proposait au public de tester les jeux et d’échanger avec les participants. Manière de rappeler que l’histoire se décline sur tous les supports et médias.
Le palmarès des Rendez-vous de l’histoire de Blois 2023