Qu’avez-vous prévu pour vos 10 ans ?
Après 10 ans, nous avons voulu changer de maquette. L’idée est d’être plus épuré et de fabriquer un écrin pour les photographes. Dans la partie "Mémoires vives" nous proposons un retour sur les grands événements de l’actualité. On prend un événement avec plusieurs regards de photographe… A la fin, nous avons une rubrique "Street photo". Il s’agit de prendre un sujet très ironique avec un focus sur un photographe.
Pouvez-vous me parler des coulisses du numéro anniversaire, "Histoire de la violence masculine" ?
Ce numéro est né du travail de Laia Abril sur les objets de la domination masculine. Nous l’avions découvert lors d’une exposition. Nous ne savions pas vraiment comment traiter ce sujet car c’était plus artistique que photojournalistique. Nous avons alors cherché des travaux en long cours sur cette question. Notre directrice de la photographie, Martina Bacigalupo nous a montré le travail de Donna Ferrato. La photographe couvre les violences conjugales aux États-Unis. Ce sujet de société nous parle. De là, nous avons construit ce dossier de couverture et nous l'avons élargi aux questions de féminisme. Ce n'est pas une revue de photo, mais une revue en photo. Le travail de dialogue entre les images et les textes est très important.
Quelle est la singularité de la revue 6Mois?
La force de la revue, c’est cet esprit curieux et ouvert. Un objet unique avec des regards qui se renouvelle tout le temps. Nous ne voulons pas avoir une vision ethnocentrée, au contraire, nous gardons la sensibilité des auteurs. Nous avons des photographes du monde entier avec un regard intime, engagé et pertinent. Nous partons toujours de l’image, arrive ensuite le texte. Nous éditons seulement des travaux sur le long court, ce ne sont pas nous qui les produisons. Nous avons d’ailleurs créé le prix 6mois, doté de 10000 euros, pour accompagner des auteurs dans la production de leur histoire.
Savez-vous qui sont vos lecteurs et souhaitez-vous aller vers de nouveaux profils ?
Pour autant, même des amateurs ou des fans de photographie ne nous connaissent pas. C’est pour cela que nous sommes actifs sur les réseaux sociaux ou dans des festivals pour nous faire connaître. La revue a un potentiel grand public. A travers l 'image, nous appréhendons des sujets de société compliqués. Des professeurs utilisent 6mois en tant qu’outil d’éducation à l'image, et nous organisons nous même des rencontres scolaires.
Après, il est vrai que la revue à un prix… (NDLR : 29 euros). L’habitué de la librairie est notre lecteur. Notre succès (15000 exemplaires vendus par numéro) est surtout dû aux libraires. Nous souhaitons y renforcer notre présence avec une série de rencontres, une projection d’un film sur nos 10 ans ou encore des expositions itinérantes.