Pour écrire ce livre, avec toute la poésie et l'empathie qu'il suppose, il fallait être soi-même insulaire et connaître cette ivresse, cette singularité de vivre dans une île. C'est le cas de Robert Colonna d'Istria, Corse, même si La maison se déroule, on suppose, quelque part en Bretagne, à Belle-Île-en-Mer par exemple.
L'histoire est celle de J. - on ne saura jamais son prénom. Une femme d'un certain âge, qui fut avocate puis philosophe, qui a souffert d'un cancer. En couple libre avec l'épatant Simon, qui la soutient dans toutes ses entreprises, elle a un fils, peu présent. Un beau jour, de retour dans l'île où sa famille possédait une demeure (reprise par son frère), et où elle a passé ses plus belles vacances de jeunesse, elle décide d'y acquérir une maison rien qu'à elle, qui serait son refuge, sa création de A à Z. Elle finit par trouver une bicoque décrépite, qu'elle casse, repense et métamorphose, avec l'aide de Robert, homme à tout faire artiste et procrastineur. Un peu sorcier.
Au terme de plusieurs années d'un chemin de croix et d'un parcours du combattant, la maison est enfin prête, habitable. C'est alors que les catastrophes s'enchaînent, jusqu'à l'ultime : la falaise sur laquelle elle est bâtie s'écroulant, la mairie interdit la zone et en expulse les habitants. J. est effondrée, dévastée, Simon furieux. Ils finiront par rebondir, trouver enfin un havre de paix, une sorte de paradis que, bien des années après, J. disparue et ayant laissé une fondation, le narrateur découvre avec émotion. J., au final, a réussi sa vie.
La maison
Actes Sud
Tirage: 3 500 ex.
Prix: 19 € ; 160 p.
ISBN: 9782330173562