Est-ce la rançon du succès de Merci pour ce moment de Valérie Trierweiler ? L’année 2014 a été moins favorable aux romans. Malgré les 556 600 ventes de Central Park, semblables à celles du 2e volume de Fifty shades en 2013, le chiffre d’affaires 2014 de la fiction, qui s’élève à 176,5 millions d’euros avec 9 161 900 exemplaires vendus, reste largement inférieur à celui de 2013 (201,6 millions d’euros pour 10 372 540 volumes vendus).
Avec Central Park, en tête du palmarès, Guillaume Musso a réussi son retour au thriller. De son côté, Katherine Pancol exploite avec succès la veine de la comédie romantique, dans la lignée de sa trilogie new-yorkaise (Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi) : les trois volumes de Muchachas totalisent 782 300 ventes.
Avec ou sans prix
En 3e position, Charlotte, dans lequel David Foenkinos fait revivre Charlotte Salomon, peintre juive allemande morte à Auschwitz, s’est vendu à 319 900 exemplaires et prouve que l’auteur de La délicatesse a définitivement conquis le cœur des lecteurs ; s’y ajoutent les 58 400 exemplaires de La tête de l’emploi qu’il signe également chez J’ai lu. Charlotte, prix Renaudot et Goncourt des Lycéens, devance le Goncourt de Lydie Salvayre, Pas pleurer (227 100 ventes). On retrouve aussi dans le palmarès Constellation d’Adrien Bosc, grand prix du Roman de l’Académie française (109 700 ventes), et L’amour et les forêts d’Eric Reinhardt, prix Renaudot des Lycéens et prix Roman France Télévisions (93 100).
Les lecteurs ont aussi plébiscité le prix Nobel de littérature attribué à l’automne à Patrick Modiano. Son dernier livre, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, atteint 285 400 ventes. Tandis qu’Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre, Goncourt 2013, a continué à se vendre en 2014 (167 800). Bien qu’il n’ait pas reçu de prix littéraire, Le Royaume d’Emmanuel Carrère atteint le score important de 260 000 ventes. Mais le véritable phénomène cette année est En finir avec Eddy Bellegueule, premier roman d’Edouard Louis dans lequel il raconte son enfance défavorisée dans le Nord (184 700 ventes, voir encadré p. 20). Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud, également un premier roman, paru en mai (75 000), et La petite communiste qui ne souriait jamais de Lola Lafon, qui vient de recevoir le prix Version Femina 2014 (68 400), ont aussi été de jolies surprises. Tandis que L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea de Romain Puértolas, phénomène de l’année 2013, a continué sur sa lancée (80 900). Du côté de la littérature étrangère, signalons les bons scores de Donna Tartt, revenue avec Le chardonneret après dix ans d’absence (123 500) et de Philipp Meyer avec Le fils (46 600).
Jean-Christophe Rufin (Le collier rouge, 185 600 ventes), Maylis de Kerangal (Réparer les vivants, 145 300 ventes), Grégoire Delacourt (On ne voyait que le bonheur, 84 600) ont désormais un lectorat fidèle. Gilles Legardinier a incontestablement franchi un cap avec 120 900 exemplaires de Ça peut pas rater ! tout en engrangeant de nouvelles ventes sur le précédent, Et soudain tout change (52 700), pour un total de 173 600 ventes.
Erotisme toujours
En ces temps de crise économique, les lecteurs continuent d’apprécier les livres qui font du bien comme Le jour où j’ai appris à vivre de Laurent Gounelle (135 300), Pars avec lui d’Agnès Ledig (53 000), Entre mes mains le bonheur se faufile d’Agnès Martin-Lugand (40 500). Et si l’année 2013 était placée sous le signe de la littérature érotique, 2014 a montré qu’il fallait désormais compter avec les séries de E. L. James, dont les trois Fifty shades cumulent 158 300 ventes encore en 2014, tandis que le premier volume en poche s’est vendu à 575 600 exemplaires et se retrouve en 2e position du Top 50 tous genres confondus ; de Christina Lauren (4 titres, 224 200) et d’Emma Chase (1 titre, 40 800).