Au Royaume-Uni où il n’y a pas de "rentrée littéraire", mais des sorties étalées tout au long de l’année, Michal Shavit regarde néanmoins ces trois folles semaines françaises avec des yeux pétillants. A 40 ans, la nouvelle directrice éditoriale de Jonathan Cape est notamment passée par Harvill Secker après avoir été agente. "Montrer lors d’un événement ce qui se fait de mieux en romans internationaux, et là en l’occurrence en romans français, est forcément excitant, s’enthousiasme-t-elle. Toute opération qui met en valeur le livre physique et qui montre la passion que le public a pour la lecture de livres est forcément une bonne chose. La rentrée littéraire, c’est l’exposition des romans français, mais aussi la démonstration que la littérature et les livres demeurent au centre de la culture française."
Pour cette éditrice scrupuleuse, le mois de septembre demeure pourtant un moment comme un autre. Pas question de se jeter dans la mêlée. "Nous surveillons les publications françaises tout au long de l’année, pas spécifiquement lors de la rentrée", explique-t-elle. Pour elle, la publication en trois semaines de six cents romans "est peut-être plus un problème pour les maisons françaises, en compétition les unes avec les autres, que pour nous". Et de compter sur ses "relations avec des éditeurs et des responsables de droits spécifiques pour qu’ils mettent la meilleure littérature sur [son] chemin. C’est un jeu de longue haleine, nous ne paniquons pas." Jonathan Cape a ainsi récemment acquis Il est avantageux d’avoir où aller d’Emmanuel Carrère et Le grand marin de Catherine Poulain.
Michal Shavit disposerait pourtant volontiers d’une telle opération de promotion du livre outre-Manche. "J’aimerais voir quelque chose comme cela au Royaume-Uni. Cela pourrait prendre la forme d’une rentrée ou d’un événement comme la Sant Jordi à Barcelone. Malheureusement, Londres est une ville très étendue et son climat imprévisible ne facilite pas les choses."T. de B., à Londres