2 mai > Roman états-Unis

C’est un vaste bâtiment cylindrique perdu dans le sud de l’Indiana (c’est-à-dire, plus ou moins nulle part). A l’intérieur, une belle brochette de scientifiques fous, persuadés que la folie c’est les autres, qui ont peu à peu remplacé l’étude du langage des grands singes primitifs par celle, plus valorisante encore, du langage des nourrissons. Jeremy Cook est l’un de ceux-là, l’un de ces linguistes « don quichottesques », qui va devoir composer dans sa vie avec la fréquentation de collègues presque unanimement antipathiques: des jeunes femmes, nurses ou infirmières, qui ne le remarquent pas assez (si ce n’est pour prêter attention à la rumeur arguant que ses prouesses sexuelles seraient bien pauvres…) ; un directeur d’établissement qui hésite entre la psychorigidité et le despotisme ; un flic érudit qui semble penser que le crime n’est pas digne de lui. Pour finir, il découvre dans son bureau le cadavre scalpé d’un confrère s’étant jusqu’alors surtout fait connaître par sa curieuse théorie de la contre-amitié selon laquelle tout ami doit d’abord être considéré comme un ennemi en puissance. Pour Jeremy Cook, il y a eu de meilleurs moments.

La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.

Ce pauvre Jeremy - que les événements toutefois révéleront peu à peu moins médiocre qu’il ne pouvait lui-même le craindre - est le héros du Linguiste était presque parfait (« traduction » hasardeuse de Double negative, le titre original), le premier roman de David Carkeet, enfin traduit aux bons soins de Monsieur Toussaint Louverture. C’est brindezingue comme il faut, vif, enlevé et drôle ; bref, ce polar en habit de farce a tout pour plaire. Et tandis que Points réédite le seul autre livre traduit de Carkeet, La peau de l’autre, Monsieur Toussaint Louverture annonce la traduction prochaine de deux autres romans, constituant la « trilogie Jeremy Cook ». La fête ne fait donc que commencer.

O. M.

Les dernières
actualités