Le joueur international a obtenu l'annulation de la parution du livre, prévue le 18 février, pour atteinte à la vie privée. Les Editions du Moment ont immédiatement répliqué en lançant un appel d'heure à heure, dont l'audience se tiendra lundi 22 février à 14h.
Foot, sexe et argent
Les prémices de l'affaire remontent à l'été 2014, lorsqu'après une rupture tumultueuse, Samuel Eto'o et Nathalie Koah, avec qui le footballeur marié avait entretenu une longue relation, se sont déclarés la guerre par plaintes interposées. Alors que la jeune camerounaise accuse Samuel Eto'o d'avoir fait fuiter des photos d'elle, dénudée, sur internet, la star du football l'attaque en retour pour "escroquerie et abus de confiance".
Selon les avocats de Samuel Eto'o, les plaintes de Nathalie Koah ne sont motivées que par la vengeance. S'estimant victime, Nathalie Koah a souhaité raconter sa version des faits dans Revenge Porn : Foot, sexe, argent : le témoignage de l'ex de Samuel Eto'o.
"Une décision scandaleuse"
Joint par Livres Hebdo, Me Pardo, l'avocat des éditions du Moment, se dit "scandalisé de la décision" du TGI de Paris. "Je la trouve totalement contestable, insiste-t-il, estimant que "cette jeune femme, qui a été jetée en pâture dans son pays et descendue par la presse, ne fait que raconter dans son livre sa vie avec M Eto'o". Et de regretter l'indulgence des tribunaux pour les footballeurs, "auxquels beaucoup de jeunes s'identifient".
"Le 18 février, mon livre ne sera pas commercialisé, il semble qu'il dise trop de vérités et qu'il finisse par gêner", a réagi la principale intéressée, Nathalie Koah, précisant qu'elle respectait la décision de la justice. "La maison d'édition compte se battre. Livre ou pas livre, je reste de toute façon une victime et je continuerai mon combat. J'ai choisi de ne plus me taire", précise-t-elle dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux.
Désolée pour la qualité ( floue ) de la video ...elle est de meilleure qualité sur ma page Instagram ( nathalie_koah)
Posted by Nathalie koah officiel on Tuesday, February 16, 2016
Un fait rarissime
En France, l'interdiction, même provisoire ou partielle, par la justice de la parution d'un livre est un fait très rare. En 2003 par exemple, la justice avait reportée la parution et la diffusion de l'ouvrage d'Eva Joly Est-ce dans ce monde là que nous voulons vivre ? (Les Arènes) avant la clôture des débats et la fin des plaidoiries du procès Elf. Les éditions des Arènes avaient alors publié le livre de l'ex-magistrate le jour même de la fin du procès, le 7 juillet 2003.
Autre exemple : en 2003 également, l'auteur breton de romans policiers Jean Failler avait dû retirer certains passages de son Renard des Grèves, après qu'une habitante d'un village breton se soit reconnue dans son livre. Mi-juin 2010, la cour d'appel de Brest avait décidé de censurer le sous-titre de Mediator 150 mg : combien de morts ? (Dialogues.fr) d'Irène Frachon.
La Cour européenne des droits de l'homme enfin, avait en 2014 reconnu que la notion de vie privée dans un livre s'arrêtait à la chambre à coucher, dans l'affaire qui opposait un ancien Premier ministre finlandais à son ex-maîtresse.