Récit/France 8 janvier Marianne Vic

Il y a des gens pour qui se tromper est presque une forme de dandysme. Ou un destin. Gabriel est de ceux-là. Cet homme né dans l'Algérie alors française aura passé sa vie à la rêver, ou plutôt à la cauchemarder, choisissant toujours le mauvais côté de l'Histoire. Il est vrai que du côté du seul homme qu'il ait jamais vraiment aimé, son oncle, l'exemple donné n'était guère glorieux (division Charlemagne, puis l'Indochine dans la Légion). Difficile de faire mieux et pourtant Gabriel s'y emploiera, exerçant toutes sortes de crimes au nom de l'OAS avant de partir accomplir des œuvres que l'on peut craindre tout aussi basses, mais plus mystérieuses du côté du Congo et de l'Argentine.

Cet homme, mutique, solitaire, avait des enfants. Ce ne fut pas, doux euphémisme, ce qui l'intéressa le plus. Marianne Vic, qui publie avec Guerre et père son troisième livre, était l'une d'elles. Son livre, même si elle n'a vraiment connu son père que durant ses premières années, n'est pas une recherche du temps perdu. Ou pas seulement. C'est avant tout un très beau texte sur « la place manquante » d'une vie, le vide, les ambiguïtés de l'Histoire vues du côté de celles de la masculinité. La dignité de son propos n'a d'égale que celle de son écriture.

Marianne Vic
Guerre et père
Fayard
Tirage: 2 500 ex.
Prix: 18 euros ; 300 p.
ISBN: 9782213712895

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