S’exprimant sur les propos racistes dont elle fait l’objet depuis son arrivée au gouvernement, Christine Taubira, ministre de la Justice, regrettait à la fin de son interview dans Libération du 6 novembre de ne pas avoir entendu "de belle et haute voix qui se soit levée pour alerter sur la dérive de la société française".
Christine Angot lui répond dans une tribune ce 7 novembre, dans le même journal, en reconnaissant son impuissance et en appelant Jean-Paul Sartre à l’aide, dont elle cite de larges extrait de Réflexions sur la question juive, publié en 1946 chez Gallimard et maintenant dans la collection de poche de la maison (Folio Essai n°10). Il a été fraichement réimprimé ce 7 novembre 2013, indique-t-on chez l'éditeur, qui en vend en moyenne 1 200 exemplaires par an (110 000 depuis 1985).
"Si un homme attribue tout ou partie des malheurs du pays et de ses propres malheurs à la présence d’éléments juifs dans la communauté, s’il propose de remédier à cet état de chose en privant les juifs de certains de leurs droits ou en les écartant de certaines fonctions économiques et sociales ou les expulsant du territoire ou les exterminant tous, on dit qu’il des opinions antisémites. Ce mot d’opinion fait rêver...", écrit Jean-Paul Sartre en ouverture de cet essai, dont Christine Angot étend le propos au racisme en général.
Le livre est longtemps resté une référence sur le sujet, en raison de l’autorité morale de son auteur, une des rares personnalités non juive à écrire alors sur l’antisémistisme. Il a aussi été critiqué ensuite en raison de certaines lacunes, et a fait l’objet de multiples analyses et commentaires (voir ci-contre).
Sur le thème du racisme, d’autres essais sont aussi devenus des références, tel Peau noire, masques blancs, de Frantz Fanon (Points) ou encore Race et histoire de Claude Levi-Strauss (Folio, 6 500 exemplaires annuels, 337 000 depuis 1987).
