16 avril > Roman Allemagne

Les dahlias sont des fleurs qui ne fanent pas. Du moins si on en croit Martin Suter. L’an dernier, il publiait Allmen et les dahlias (réédité ces jours-ci chez Points), troisième volet des aventures du détective et marchand d’art Johann Friedrich von Allmen et de son fidèle factotum guatémaltèque, Carlos. Il y était question d’une toile de Fantin-Latour, représentant un bouquet de ces fleurs, mystérieusement volée à une milliardaire américaine, à l’étage privatif d’un palace suisse aussi défraîchi que la plupart de ses pensionnaires. Allmen et la disparition de Maria est la suite des tribulations de ce tableau et du petit monde crépusculaire qui, à l’un ou l’autre titre, s’en estime propriétaire. Le flegme et la nonchalance naturelle d’Allmen y seront mis à rude épreuve tout au long d’une course-poursuite où il sera au fond moins question de ce satané tableau que de parvenir à libérer Maria, la compagne "latinissima" de Carlos, des griffes de ses ravisseurs.

Rien sans doute qui bifurque du droit chemin du roman de genre, voire du roman de gare, en ces pages, mais si gare il y a, c’est pour accueillir au moins l’Orient-Express, un univers hors du temps, aussi luxueux qu’ironique, sur lequel Suter promène une virtuosité romanesque qui tient beaucoup à celle d’un enfant qui aimerait se raconter des histoires… Suter a le sens du récit d’une Agatha Christie et celui des ambiances d’un Somerset Maugham. Le plat que nous sert ce fin gourmet est à la fois léger et aérien. Un peu triste aussi, comme le sont les fêtes réussies lorsqu’elles touchent à leur fin. O. M.

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