De La Fontaine on a, trois siècles après sa mort,
Une image fautive, réduite à des poncifs.
Du vaillant critique du pouvoir sous Louis XIV,
Du moraliste pessimiste et désenchanté,
L'école a fait un banal moralisateur.
Jean-Louis de son prénom, éditeur de fonction,
Gauthey l'écrit sans fard mais non sans arguments
Ni documentation dans son introduction
Au salutaire recueil de Sébastien Lumineau.
Radical et moderne comme son lecteur le sait,
Qui ses histoires de chiens a lu auparavant,
En justicier l'auteur aborde La Fontaine,
Et de l'œuvre il démontre toute l'actualité.
De sept fables il s'empare, pas les plus anodines.
« La châtaigne », « Les grenouilles qui demandent un roi »,
« Les animaux malades de la peste » ou
« Les oreilles du lièvre », « L'homme et la couleuvre »,
« L'ingratitude et l'injustice des Hommes envers
la Fortune », « Le Renard et les Raisins »,
Le texte est intégral, le propos d'aujourd'hui,
Dans le dessin chacun retrouve ce qu'il connaît :
L'injustice, la veulerie, et le cynisme aussi.
Dans « Les Animaux malades de la peste »,
La fable parmi d'autres au Covid fait écho,
Aux courtisans, aux médias, aux opportunistes,
À tous Lumineau règle un compte sans artifice.
Sous les traits d'un chef, d'État ou d'entreprise,
Le lion n'est pas moins retors, cynique et cruel.
D'une fable à l'autre se poursuit le conflit de classe,
Les morales sont les mêmes à trois siècles d'écart,
« Selon que vous serez puissant ou misérable
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir »,
« La raison du plus fort est toujours la meilleure ».
Sébastien Lumineau
Fables de La Fontaine
Cornélius
Tirage: 2 200 ex.
Prix: 15,50 € ; 104 p.
ISBN: 9782360811724