Le prix François Sommer 2021 sera attribué, vendredi 22 janvier, à Serge Joncour pour Nature humaine, paru en août chez Flammarion. Le livre a déjà été distingué par le Prix Femina et approche les 100000 exemplaires vendus. La remise du prix aura lieu à l'Hôtel de Guénégaud, où se situe la Fondation François Sommer pour la Chasse et de la Nature, créée par François et Jacqueline Sommer. Le bâtiment abrite aussi le Musée de la Chasse et de la Nature.
A cette occasion, Serge Joncour a livré un entretien à Livres Hebdo.
Le Prix François Sommer récompense des ouvrages qui explorent le lien entre l’homme et la nature. C’est justement un des fondements de votre écriture…
Pour moi le lien entre l’homme et la nature est une question prioritaire. Il y a une perte de la conscience de la nature. Cette connaissance on l’avait, on l’a oubliée et elle nous revient à la figure. Nature humaine, ça raconte ça, cette nature qui est devenue humanisée, déformée à force d’être humainement contrôlée, reconditionnée et redirigée.
Il semble d’ailleurs que vous êtes en train d’écrire une suite à Nature humaine, dans la même veine…
Oui et je suis très embêté pour cette suite car je souhaitais écrire une fiction sur une catastrophe écologique et l’actualité m’a rattrapée. Désormais je ne peux plus faire l’économie du réel. Moi qui voulais inventer une histoire cataclysmique, le réel m’en fourni une encore plus folle !
Lors de la remise du prix Femina, en plein deuxième confinement, vous nous aviez confié vous « sentir seul avec votre prix », ce sentiment vous habite-t-il toujours ?
Cette année a été comme une navigation en haute mer, la première et la deuxième fois on est perdu car on n’a pas les instruments. La troisième fois on commence à avoir les repères, on a presque de l’expérience. Pour moi, on a véritablement appris de cette situation exceptionnelle. C’est davantage maîtrisé aujourd’hui.
Malgré ces avancées, la situation pour de nombreux lieux de culture reste la même : les cinémas, les théâtres, et les musées sont toujours fermés, comment le vivez-vous ?
Je me replie beaucoup sur le livre en ce moment et je ne pense pas que je sois le seul. Pour le reste, le manque me vient de façon assez bizarre. Je ressens par exemple beaucoup de nostalgie pour les moments où je faisais la queue au Petit théâtre Montparnasse. Ces instants sont sidérants, je me sens totalement orphelin.
L’horizon 2021 ne vous semble donc pas plus optimiste ?
Même si ça va tanguer pas mal, je vois des perspectives. Je crois qu’on ne se rend pas compte de la chance qu’on a à cette époque qui est la nôtre de pouvoir réagir si vite face à une pandémie. Durant les dernières épidémies de peste, on ne savait même pas comment elle se propageait. Là, on a su très vite comment ça se passait et moins d’un an après, il y a des solutions concrètes qui nous sont proposées.