30 NOVEMBRE - HISTOIRE DE L'ART France

Alain Erlande-Brandenburg- Photo DR/PICARD

Alors que l'actuelle église Saint-Germain-des-Prés, en ce moment même, connaît une importante campagne de restauration, qui amènera peut-être aussi à des découvertes archéologiques sur les états antérieurs de l'édifice, Alain Erlande-Brandenburg, ancien directeur adjoint des Musées de France et spécialiste de la période médiévale, lui consacre un bel ouvrage, érudit et pédagogique. Grâce à l'aide d'Anne-Bénédicte Mérel-Brandenburg et aux photographies de Jean-François Amelot, Brandenburg nous donne accès, pour la première fois, au seul exemple parisien d'architecture religieuse du Xe siècle, et à son sommet : ses chapiteaux. Impossible naturellement à l'oeil nu, l'entreprise est une véritable révélation.

Le médiéviste retrace d'abord minutieusement l'histoire de l'église. Depuis la fondation au VIe siècle par Childebert, le fils de Clovis, de la basilique Sainte-Croix-et-Saint-Vincent, riche en reliquaires et qui deviendra le mausolée des Carolingiens. Puis sa transformation radicale au Xe siècle à l'initiative de l'abbé Morard, dont on ne sait pas grand-chose, si ce n'est qu'il fut un grand bâtisseur et un visionnaire. C'est lui, notamment, qui donna à l'édifice son nom actuel et commanda les fameux chapiteaux pour ses colonnes. Quarante, plus ou moins ouvragés. Dix-huit des chapiteaux d'origine sont encore en place, restaurés avec soin en 1820 par l'architecte Godde. Douze sont des copies de la même époque, fidèles aux originaux conservés au musée du Moyen Age. Dix enfin sont des pures créations du XIXe - quand on eut enfin cessé de considérer le Moyen Age comme une époque barbare, l'ère de toutes les catastrophes et de la régression par rapport à l'Antiquité - à partir d'on ne sait trop quel modèle. Ceux-là, Erlande-Brandenburg préfère les ignorer.

Pour le reste, on ne peut qu'être ébloui par la richesse de l'imaginaire des artistes du Moyen Age, la virtuosité des sculpteurs et des peintres - comme le reste de l'édifice, les chapiteaux étaient polychromes -, la façon dont ils utilisent un espace réduit, avec de fortes contraintes architectoniques, au service de leur sujet, de leur foi. Religieuses bien sûr, mais aussi symboliques, voire fantastiques, les scènes, comme les personnages, représentées sur les chapiteaux ne sont pas toujours aisées à interpréter. Mais nous avons à nos côtés le meilleur des guides.

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