Cinq ans après sa création à l’initiative d’un Paul Otchakovsky-Laurens très inspiré, "Shoot the book!" a largement dépassé le stade de vitrine de l’édition dans les allées pailletées du Festival international du film. Le 15 mai, à Cannes, 22 représentants de quelque 35 maisons d’édition rencontreront les producteurs audiovisuels, non seulement à travers la désormais traditionnelle séquence de "pitch" de 10 livres que leurs éditeurs verraient bien transposés sur les écrans, mais aussi pour des séances de travail en "one to one" sur les catalogues. Le rendez-vous s’est développé et professionnalisé, témoignant à la fois du poids des adaptations dans la production cinématographique, de leur impact économique sur la chaîne du livre et de l’émergence de nouvelles dynamiques multimédias.
De mai 2017 à avril 2018, le livre a nourri les scénarios de 139 films, soit quasiment un cinquième des 731 nouveaux longs-métrages diffusés dans l’Hexagone pendant la même période. Les ventes de droits audiovisuels, qui comptent pour 2% à 5% des coûts de production des films adaptés, représentent des revenus non négligeables pour les auteurs et les éditeurs. Et les études de cas réalisées par Livres Hebdo avec l’apport des données de GFK confirment, chiffres à l’appui, que les sorties en salle permettent de relancer et de prolonger sensiblement en librairie la vie des livres adaptés.
Surtout, aux barrières qui séparaient - voire opposaient - les différentes industries culturelles viennent se substituer de fertiles connexions transmédias. Des projets émergent. Des processus se mettent en place. Via le Centre national du cinéma, le Centre national du livre et l’Institut français, les pouvoirs publics les soutiennent activement avec la volonté de bâtir, à l’instar des Etats-Unis, de la Chine ou du Japon, un "soft power" à la française.