La Commission de la concurrence (Comco) suisse va enquêter sur un « prétendu abus de pouvoir de marché relatif » du groupe Madrigall, a-t-elle annoncé mardi 31 janvier. Cette enquête fait suite au dépôt de plainte, en septembre, de la chaîne de librairie Payot à l’encontre du groupe français. Son dirigeant, Pascal Vanderberghe, estime que l’entreprise d’Antoine Gallimard, « comme les autres éditeurs-distributeurs français », n’applique pas la loi sur la concurrence suisse révisée en 2021 et entrée en vigueur le 1er janvier 2022.
Une action qui concerne l’ensemble des diffuseurs français
« L’ouverture de cette enquête correspond à nos attentes », a-t-il confié à Livres Hebdo, rappelant que cette action « ne vise pas que Madrigall, mais également Interforum, Hachette Distribution et MDS ». Selon le libraire, les propositions de ces derniers en matière de tarifs des livres français « sont toujours en inadéquation par rapports à {ses} demandes ».
Que leur reproche-t-il concrètement ? Notamment de ne pas aligner leur prix de vente à celui d’achat des groupes de librairies, présents en Suisse, tel que la Fnac, qui peuvent s’approvisionner directement en France. « Nous espérons toujours un accord à l’amiable », indique Pascal Vanderberghe.
Madrigall déjà épinglé en Suisse
Lors de la phase d’examen de la plainte, « Madrigall a eu deux fois trente jours pour répondre à mes allégations », note-il. Vraisemblablement, l’autorité suisse de la concurrence a trouvé motif à poursuivre l’enquête.
Environ 80% des livres vendus en Suisse romande viennent de France, selon le journal helvète Le Temps. Ils sont vendus de 60 à 80% plus chers que leur prix français. En 2012, le patron de Payot, Pascal Vandenberghe, avait trouvé un arrangement avec Gallimard et Flammarion avant que ceux-ci fassent marche arrière. En 2013, la Comco avait infligé une amende de 16,5 millions de francs (20,6 millions d’euros à l’époque) aux diffuseurs français.