En ligne et contre tous

Amazon poursuit sa croisade contre les frais de port du livre

Frédéric Duval (dr), Directeur d'Amazon France avec Ronan Bole, Directeur des opérations en 2019, à Velizy (92) - Photo MICHEL STOUPAK / AFP

Amazon poursuit sa croisade contre les frais de port du livre

Six mois après l’application du décret sur les prix plancher des frais de port du livre neuf, Amazon relance son combat pour faire abroger cette mesure qui pénalise le géant du commerce en ligne, à l’approche de la décision du Conseil d’État qu’il a saisi sur la question.

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Par Éric Dupuy
Créé le 27.04.2024 à 09h47 ,
Mis à jour le 28.04.2024 à 16h21

Une tribune du directeur général France Frédéric Duval publiée sur le site de L’Express, des contributions publiques sur une concertation du gouvernement relayées massivement et un sondage Ifop sur les pratiques d’achat des produits culturels des Français : Amazon poursuit son combat contre le décret des frais de port du livre.

Diminution de l’activité livre en ligne

Selon le géant du commerce en ligne, ce décret « contraint de nombreux Français à renoncer à certains de leurs achats de livres ou à supporter des coûts supplémentaires – notamment en milieu rural ». Pour illustrer son propos, Amazon a commandé un sondage à Ifop*, qui révèle qu’un tiers des français « ont réduit leur budget culture, ou prévoient de le faire » et que 40% des sondés (2004 personnes représentatives des français interrogées en février) « lisent moins de livres depuis la hausse des frais de port ».

Cela semble tout à fait probable concernant les consommateurs d’Amazon. Selon nos informations (le géant ne dévoilant aucun chiffre de ventes), l’activité livre de la plateforme a chuté d’environ 10% depuis la fin de l’année dernière. Cela semble également aller dans le sens des résultats annoncés du groupe Fnac-Darty pour le premier trimestre 2024, qui démontre une diminution globale de la vente en ligne mais une augmentation du « click&collect », tous secteurs confondus.

Marché du livre en hausse chez les détaillants

Pour autant, l’étude Ifop révèle également que près de 60% des sondés achètent plus de livres en librairie physique depuis l’instauration du décret. Là aussi, la donnée semble cohérente avec les retours de libraires. Selon l’Observatoire de la librairie, le marché du livre chez les détaillants a augmenté de 3% depuis le début de l’année. « C’est une enquête très orientée de la part d’Amazon qui continue d’attaquer une loi votée à l’unanimité par le parlement », commente Guillaume Husson, Délégué général du Syndicat de la librairie française (SLF). « On retrouve les mêmes pratiques de publicité que la Fnac et E.Leclerc dans les années 1980 pour combattre l’instauration du prix unique du livre », poursuit-il en arguant que « le vrai combat d’Amazon, c’est le prix unique du livre. Comme il ne peut pas y toucher, il se concentre sur les frais de port ».

Décision du Conseil d’État prochainement

La parution de cette étude* intervient alors qu’approche la décision du Conseil d’État après la saisine d’Amazon sur la légalité du décret l’été dernier. Profitant également de la consultation publique du ministère de la Culture dénommée « Printemps de la ruralité » en vue de donner un meilleur accès à la culture aux français, la firme américaine développe ses arguments pour assurer que le prix plancher des frais de port du livre neuf est contraire à la volonté d’accessibilité du livre à tous. « Le Printemps de la Ruralité pourrait donc être l’occasion d’évaluer plus précisément les effets de cette mesure et, le cas échéant, de réexaminer l’opportunité de cette mesure qui pénalise durement les habitants des zones rurales », évoque le géant qui propose des mesures pour « accompagner les librairies indépendantes sans pénaliser le lecteur ».  

Quelle que soit la décision des sages du Palais-Royal, le décret prévoit une étude d’impact sur le marché du livre du décret dans les deux ans après son application.

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