Dans le cadre de ma campagne : sauvons les chefs-d’œuvre de la chanson française, j’aurai pu intituler cette chronique : L’A-mé-ri-keu ! L’Amérique ! Il est vrai que nous avons une idée déformée de ce pays, à cause de Président Bush, bien sûr, mais aussi à travers nos symboles hexagonaux de ce pays : le Belgo-Suisse Johnny Halliday, le Niçois Dick Rivers, et le demi-Américain que nous avions récupéré, ce cher Joe Dassin, aujourd’hui disparu. * * * Si vous saviez comme je vous envie, perdu dans cette lointaine banlieue de Paris-capitale-des-Arts, New York. Il y fait beau, chaud même. Et je n’ai que de lointains échos des polémiques parisiennes de la rentrée : la terrible bataille Darrieusecq-Laurens et ces questions entêtantes : Begaudeau est-il fidèle à Aubenas ? Pingeot est-elle libre d’écrire sur des bébés congelés et Beigbeder ? Bof. Au même moment j’étais dans le bureau d’un auteur américain : une belle bibliothèque, des instruments de musculation, trois winchesters au mur et un ordinateur ouvert sur son prochain livre. Dan O’Brien est un ami de Jim Morrisson, Tom McGuane, Rick Bass. Il vit au Dakota du Sud dans les grandes plaines et, pour cela, élève des… bisons! Dan vient de publier en France son histoire, celle d’un écrivain, venu à Hollywood écrire des scenarii pour Spielberg et consorts avec de gros chèques à la clé mais sans jamais qu’une de ses histoires soit portée à l’écran. Devenu alcoolique, divorcé et il se reconstruit au Dakota avec les bouts éclatés de sa vie. Les bisons du cœur brisé (Au diable Vauvert) raconte son histoire. Un livre touchant (mais pas trop) surtout quand l’auteur m’a présenté le premier bison de son troupeau (ils étaient une dizaine au début, aujourd’hui 350), un vieux mâle majestueux. Je me suis alors demandé qui du bison, de l’auteur ou du visiteur était le plus ému. Dan O’Brien fait partie de ces écrivains cachés qui regardent passer les « crossover », comme les appelle Jim Harrisson, ces gens du business (littéraire ou autre) qui vont d’une côte à l’autre dans leurs jumbos jets passant au-dessus des meilleurs romanciers, un verre de Diet Coke à la main. Ces auteurs ne découvrent pas le réel comme nos jeunes diplômés de Normale Sup’, ils le vivent. Peut-être est-ce pour cela que leur littérature est vivante. * * * Deadwood était pour moi le titre d’un feuilleton, c’est le nom d’une ville de l’Ouest lointain, du far-west si vous préférez, où sont enterrés « Wild Bill » Hickok et Martha Jane Cannary, alias « Calamity Jane ». « Proches » dans la vie, ils ont souhaité reposer côte à côte dans le petit cimetière qui surplombe la ville. Pour elle une simple urne, pour lui, une magnifique statue en bronze. Sur la tombe de la femme légendaire un collier, des fleurs et des pièces de monnaie, sur celle du tireur le plus rapide de l’Ouest, abattu dans le dos en pleine partie de poker, des pièces, une balle de plomb et sa dernière main : as de trèfle, as de pic, huit de trèfle, huit de pic et valet de carreau (Patriiiiiick !). Plus de duels à Deadwood, ni de maison de passe, mais des casinos, des machines à sous qui jouent à touche-touche dans Main St, et une Amérique qui ne veut pas mourir. Pas une ville-musée grâce à sa voisine Sturgis qui réunit, chaque année, la plus grande concentration de motards au monde (500.000 bikers !). Ainsi du 1 er janvier au 31 décembre les nouveaux cow-boys parcourent la contrée sur leurs chevaux, en l’occurrence des Harley-Davidson. Poilus, chevelus, tatoués, plus tout jeune, ils incarnent l’Amérique de la liberté sans le savoir quand cette dernière s’abandonne au tout-sécurité (Newsweek, qui n’a rien d’un brûlot gauchiste, parlait d’« attentat à la Constitution » avec l’acceptation par le Congrès d’un contrôle des Américains sans passer par les juges). Parfois je me dis que Calamity Ségo ferait bien de s’intéresser à nos libertés plutôt qu’à renforcer notre sécurité… * * * Revue de blog Règlement de comptes à OK Corral Tournez le dos et la blogoboule s’enflamme ! L’affaire Tatiana de Rosnay à peine terminée, voici que d’autres bloggeurs sont harcelés par des partisans d’auteurs dont certaines œuvres ne font pas l’unanimité. Pour les amateurs d’embrouilles, rendez-vous sur le Biblioblog de Laurence (Faudrait pas nous prendre pour des poires ;-) du 30/8), les lectures de Flo (Des moules, des poires et moi et moi du 30/7, en fait du 30/8 mais on la sent toute remuée) et les Jardins d’Hélène (Fantaisie sur l’échafaud du 30/8). Nos amies bloggeuses entonnent l’hymne de la liberté. Elles ont bien raison. Mais c’est la rançon du succès. Si certains auteurs ou éditeurs commencent à réagir, souvent à l’abri de pseudo (courageux les littérateurs mais ils n’aiment pas se brouiller même avec des bloggeuses), c’est parce que les blogs touchent le public. http://Biblioblog.fr http://Meslectures.overblog.com http://Lesjardinsdhelene.overblog Parfois les blogs littéraires sont plus touchants que la littérature. L’un fait part de la difficulté de son travail, l’autre d’un deuil, etc. Pourtant on s’en voudrait de les recommander pour ne pas favoriser le voyeurisme. Une exception, le chat14 : son auteur publie, dans une écriture superbe, deux textes, l’un sur son père « Tout arrive », le 6/8, et sur son licenciement « Demain on joue » le 17/8. Une belle rencontre avec une belle personne. http://lechat-14.canalblog.com Un jour j’avais avoué mon inculture sur ce blog, citant notamment ces auteurs de moi inconnus, Proust et Faulner. Une de mes correspondantes, Steph’ m’a prêté le 22 décembre 2006 Le bruit et la fureur, édition du Livre de poche de 1969 avec une formidable préface de son traducteur Maurice Octave Coindreau. Je suis séduit par cette Amérique qui ne compte pas que des cow-boys. Un conseil pour cette rentrée : lisez Faulkner et oubliez le réel parisien.
15.10 2013

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