15 mai > Récit de voyage France

Peut-être est-ce le fait d’être né à Gap, dans un « trou », qui a poussé le jeune Julien Blanc-Gras à en sortir pour devenir journaliste au long cours et écrivain « géonévropathe », qui a pour ambition de parcourir, visiter et décrire tous les pays du globe terrestre. Vaste programme, mais notre ami n’a que 37 ans, et déjà pas mal de kilomètres à son compteur. Trois livres, aussi, tous publiés au Diable Vauvert, forcément, depuis Gringoland (2005), jusqu’à l’excellent Touriste (2011), anti-manuel de voyage qui fut un joli succès en librairie avec plus de 10 000 exemplaires vendus, selon l’éditeur.

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A l’automne 2011, Blanc-Gras a investi sa bourse de création du CNL dans un voyage farfelu, un séjour aux îles Kiribati, en Océanie. Une République improbable (depuis 1979 et la décolonisation des îles que les Britanniques appelaient Gilbert) perdue en plein cœur du Pacifique, 100 000 habitants disséminés dans un archipel gigantesque de 5 000 000 de km2, dont la capitale est Tarawa, immortalisée par un album de Buck Danny, Tarawa, atoll sanglant (Dupuis). Si les Japonais ont enterré le sabre depuis longtemps, les Kiribati sont menacées d’un autre danger, autrement plus grave : la montée des eaux due au réchauffement climatique. A moyen terme, si la tendance n’est pas inversée, la petite République, comme les Maldives ou les Seychelles, périra par submersion. Ou « liquidation », comme dit Julien Blanc-Gras, avec cet humour pince-sans-rire qui est l’une de ses marques de fabrique. A tel point que le président Anote Tong pense sérieusement à acquérir des territoires aux Fidji (relativement) voisines pour partir s’y installer avec tous ses administrés !

Cette « future Atlantide », ce « paradis en sursis », notre moderne Tintin reporter l’a parcourue de long en large, avec deux préoccupations : aller à la rencontre des autochtones, ce qu’il fait avec gentillesse, humour et empathie, pour les interviewer sur leur histoire, leur vie quotidienne, leurs problèmes ; et raconter le pays où il séjourne, en mêlant toujours son grain de sel, y compris dans des topos écologiques déprimants qui rappellent les reportages sur Arte juste avant les infos. Tout ça nous vaut un livre drôle et tendre, réaliste et poétique, construit en chapitres courts comme autant de vignettes, de Polaroid, au cas où la « liquidation » surviendrait plus vite que prévu. En attendant, il n’est pas sûr que le lecteur-touriste de Julien Blanc-Gras ait envie d’aller passer ses vacances aux Kiribati - ses plages dégueulasses et ses lagons tellement pollués que la baignade y est fermement déconseillée par la Faculté ! Du temps du maître Stevenson, qui bourlingua dans les parages en 1888, ce devait être autre chose… Malheureux tropiques.

J.-C. P.

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