25 mars > Histoire France

La Légion. Elle a fait fantasmer des générations de romanciers et même des artistes comme Serge Gainsbourg qui, en 1987, a remis à la mode la chanson créée par Marie Dubas, reprise ensuite par Edith Piaf. Mais que sait-on vraiment de ce corps spécifique de l’armée française, créé en 1831, dont les sapeurs défilent chaque année sur les Champs-Elysées au pas lent de « Tiens, voilà du boudin » ?

André-Paul Comor, déjà auteur d’un « Que sais-je ? » sur le sujet, a dirigé un copieux volume de la collection « Bouquins » qui comprend, comme souvent, une histoire - assez courte ici en l’occurrence - et un dictionnaire très fourni. Outre l’intégralité de la musique de la marche de la Légion étrangère, le fameux « Boudin », on trouve dans les multiples entrées de quoi satisfaire sa curiosité.

Dans sa préface, Etienne de Montety, directeur du Figaro littéraire, rappelle la légende qui nimbe la figure du légionnaire : le sable chaud, le baroud, l’aventure, « la promesse de l’extraordinaire ». Une telle mythologie ne pouvait qu’exercer une sorte de fascination chez les écrivains. Ainsi, pour ajouter un peu plus à son côté mauvais garçon, Sartre voulut que Genet fût légionnaire. A tort. Blaise Cendrars, lui, le fut bien, et Pierre Mac Orlan en rêva tellement qu’on finit par le croire… Dans cette illustre galerie des képis blancs, l’ouvrage rend aussi hommage au peintre Hans Hartung ou à la résistante britannique Susan Travers, qui devint en 1945 la première femme admise dans la Légion.

Mais la Légion fut aussi le bras armé de la France coloniale, notamment durant la guerre d’Algérie. Ce dictionnaire, coédité avec la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA) du ministère de la Défense, ne cache rien des critiques qui ont pu pleuvoir sur ce corps d’élite. Il suffit de se reporter aux articles « torture », « 1er REP », « 2e REP », « Jean-Marie Le Pen » ou « OAS ».

Le grand intérêt de ce volume est de nous faire entrer par petites touches dans le réel, même si ce réel se nourrit des ferveurs fantasmées. Certes les grands moments - Camerone, Diên Biên Phu - accompagnent les hautes figures du passé, mais on saisit surtout le quotidien de ces soldats anonymes. De quoi trouver la juste mesure entre l’idéalisation et la caricature. L. L.


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