Voici un petit livre précieux. Précieux parce qu'il rapporte une expérience personnelle et sincère. Précieux en ce qu'il dépasse le clivage entre le faire et le penser. Après trois années de prépa et deux à l'université, Arthur Lochmann entreprend un CAP de charpentier. Pendant sept ans, avec les Compagnons, il sillonne la France et l'Allemagne. Aujourd'hui, après ses études de philosophie et de droit, devenu traducteur notamment de Musil, il n'a rien oublié de cet apprentissage du geste, de la méthode et des mots si particuliers des charpentiers. C'est ce qui donne à son récit cette coloration poétique entre les réflexions éthiques sur l'artisanat, où l'on façonne autant qu'on est façonné.

Arthur Lochmann n'est pas le premier à réhabiliter l'artisanat et à montrer combien la main est essentielle pour penser et se saisir du monde. Mais du haut des maisons, des pigeonniers ou des églises, il découvre qui il est en se confrontant au réel, à cette « vie solide » entre terre et ciel. Il comprend la répétition des gestes, la sobriété des outils, la fatigue du corps, la coopération au service d'un ouvrage collectif, la reconnaissance de soi et cette manière tranquille de résister à l'accélération du temps. Montez faire un tour avec lui, vous ne serez pas déçu.