Tintin, Spirou, Buck Danny, Blake et Mortimer, Lucky Luke ou encore Boule et Bill… Dominé par des héros nés il y a 60 à… 88 ans, le palmarès des meilleures ventes de bande dessinée de la semaine laisse perplexe alors que se tient à Angoulême le 44e Festival international de la bande dessinée. Certes, la plupart de ces séries sont désormais scénarisées et dessinées par une nouvelle génération d’auteurs qui a remplacé leurs créateurs. Comme Astérix dont la prochaine aventure s’annonce, en octobre, comme la meilleure vente de l’année. Mais elle donne du secteur une image en trompe-l’œil. Après s’être profondément renouvelé en quinze ans, celui-ci s’est considérablement diversifié au cours des toutes dernières années : dans ses centres d’intérêt avec un essor spectaculaire de la production de non-fiction ; dans ses acteurs, avec un plus grand nombre de femmes parmi les auteurs, de nouveaux éditeurs et de nouveaux libraires ; et dans son lectorat, moins monomaniaque, plus ouvert, témoignant d’une meilleure reconnaissance sociale de la bande dessinée.

Symptomatiquement, la ministre de la Culture, qui dit apprécier La légèreté de Catherine Meurisse ou Les cahiers d’Esther de Riad Sattouf, n’est cette année pas la seule, parmi les responsables politiques nationaux, à faire un saut au Festival de la bande dessinée, où l’on avait déjà pu voir Bruno Le Maire l’an dernier. Ce week-end, campagne présidentielle oblige, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Emmanuel Macron ont placé Angoulême dans leur agenda. Comme un tour de chauffe avant le salon Livre Paris, fin mars.

Souhaitons qu’ils ne s’entraînent pas seulement au bain de foule, mais rodent aussi quelques propositions pour consolider et développer la place de la bande dessinée, et plus largement du livre dans une société où il est plus souvent présent dans les discours que dans les actes. Protection du droit d’auteur, soutien à la création et préservation de sa diversité, amélioration de l’accès des entreprises du secteur au crédit, promotion de la lecture et du livre dans l’ensemble du système éducatif, développement de l’accessibilité des bibliothèques, sauvegarde de la variété des points de vente et consolidation du réseau de librairies… Au-delà du consensus politique appréciable sur le prix unique du livre, il reste beaucoup à faire pour que ce dernier puisse contribuer pleinement au développement d’une démocratie moderne.

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